La résurgence du conflit entre la Palestine et l’Israël interpelle le monde avec l’escalade de la violence notée ces derniers jours. Depuis plus de 70 ans, l’Etat israélien se pointe en réelle menace pour la Palestine dont il veut clairement coloniser des territoires au vu et au su de tous.
Face à cette injustice grandissante, les puissances occidentales adoptent une position qui est loin d’être celle attendue d’elles alors que les pays arabes s’emmurent dans un silence coupable, excepté la Turquie et l’Iran. Au ban des accusés, il y a aussi les quatre pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec l’Etat hébreux, en fin de mandat du président américain, Donald Trump et les pays musulmans africains dont le Sénégal qui ont préféré se détourner de la question comme si leur survie en dépendait.
L’escalade de la violence entre Palestiniens et Israéliens est fruit de la provocation incessante de l’Etat hébreux qui se complait d’agresser et de violer les droits des Palestiniens. Si ce conflit, vieux de plus d’un demi-siècle, résiste à tout arrangement définitif, c’est parce que justement l’Israël se trouve du plaisir dans sa posture d’Etat-colon piétinant à volonté la souveraineté de la Palestine et refusant la solution à deux Etats proposée par l’Onu depuis 1947.
La reprise de la violence ces derniers jours nait de la décision de l’Etat israélien de contrôler l’esplanade des mosquées et d’empêcher les Palestiniens de s’adonner à leurs obligations cultuelles sur ce lieu auquel ils ont amplement droit. Pis, cette mesure liberticide de cet Etat intervient dans la dernière partie du Ramadan, moment où les fidèles ont le plus besoin de ce lieu sacré.
Les violences disproportionnées exercées sur le peuple palestinien sont aussi dantesques que condamnables. En effet, l’option du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de frapper fort le Hamas, ne fait pas que des victimes militaires. On assiste comme en 2014 à un véritable carnage et la réalité de ces tueries dépasse la fiction. Grâce à la magie du clique, le monde vit les évènements en temps réel et réagit de façon différente. Si les peuples dénoncent l’attitude de l’Israël et de son armée qui a mis le feu aux poudres, les Etats se complaisent dans une position diplomatique moins ferme.
L’urgence de sortir du diplomatiquement correct et de condamner
Or, les horribles scènes qui nous parviennent méritent plus qu’un simple langage diplomatique. De l’Organisation des Nations Unies qui se dit « profondément inquiet » à la France en passant par les Etats-Unis qui condamnent la réponse du Hamas et l’Allemagne entre autres, les réactions se ressemblent dans leur mollesse.
Les pays arabes, coupables de leur proximité inopportune avec l’Israël, s’emmurent dans un silence et les pays africains dont le Sénégal attendent que la situation s’empire pour regretter. Face à cette situation où les deux parties s’imbriquent dans le conflit, seule la Turquie a eu un langage clair et sensé: l’Israël qui n’envisage pas une solution à deux Etats sur ce territoire est responsable de tout ce qui y règne comme terreur et perturbation et il doit être dénoncé!
La position américaine, sous Donald Trump, a fini par empirer la situation et faire des Etats-Unis de mauvais interlocuteurs aux yeux de la partie palestinienne. Alors qu’ils ont été le pays le plus impliqué dans le dossier depuis des années, l’arrivée de Trump au pouvoir en 2016, deux ans après la guerre israélo-palestinienne de 2014, a constitué un facteur aggravant de ce conflit.
Non seulement par ses oppositions répétées à toutes résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, mais aussi par sa décision très controversée de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, soutenant ainsi que cette ville est la capitale exclusive de son protégé d’Israël. Pour cela, il est clair que l’Amérique de Joe Biden est partie du problème, même si un léger changement est noté dans la conduite à tenir aujourd’hui.
Les pays musulmans et arabes dans des calculs diplomatiques
Soutiens traditionnels de la Palestine dont ils partagent le même amour d’Al-Aqsa, les pays arabes sont aussi coupables de par leur positions conciliantes. Comment comprendre que le Maroc, les Emirats Arabes-Unis, le Bahrein, le Soudan, et le Bhoutan puissent normaliser leurs relations avec l’Etat hébreux en fin 2020 alors que ce dernier ne cesse de piétiner leurs frères de même foi?
Les gains diplomatiques recherchés par ces pays arabes ont prévalu sur la solidarité qui devrait s’imposer entre musulmans ,de surcroît lorsqu’une partie est victime d’injustice. De l’Arabie Saoudite à l’Egypte, tous les pays arabes et musulmans ont une position qui frise la complaisance, à l’exception de l’Iran et de la Turquie.
Sur ce dossier, l’Afrique musulmane dans au rythme des puissances européennes et traine parfois le pas nonobstant sa proximité idéologique avec la Palestine. Les peuples s’indigent sans cesse mais les Etats rasent les murs et se distinguent par leur silence éloquent. Au Sénégal, l’indignation est à son apogée du côté des citoyens, toutes confessions confondues, mais l’Etat reste confiné dans une omerta dérangeante. Aucune position officielle n’est pour l’heure communiquée malgré l’appel lancé par la représentation diplomatique de la Palestine dans notre pays.
Or, pour un Etat provocateur et va-t-en-guerre comme l’Israël, le langage doit être plus ferme que ne le veulent les usages diplomatiques. Personne n’est mieux placée que nous Africains, pour savoir que la colonisation qu’entreprennent les colons israéliens constitue une « chosification » pour parler comme Aimé Césaire.
Parce qu’elle prive de bons citoyens de leurs droits de disposer d’eux-mêmes et de s’établir sur leurs territoires selon leur bon vouloir, et parce que nous Africains l’avons subie de la France et d’autres puissances, nous devons condamner sans réserve cette envie folle et totalement injustifiée des Israéliens de rayer la Palestine de la carte du monde.