Le département d’État américain offre jusqu’à sept millions de dollars pour des informations permettant de localiser le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Yazid Mebarek, alias Abou Obeida Youssef el-Annabi, se fait particulièrement discret depuis sa désignation à la tête de cette organisation terroriste en novembre 2020.
Abou Obeida Youssef al-Annabi est désormais «wanted» avec une forte récompense à la clé. Le 2 juin 2021, le département d’État américain a annoncé être prêt à offrir «jusqu’à sept millions de dollars pour des informations permettant de localiser ou d’identifier» l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Cette prime sera versée dans le cadre du Programme de récompenses pour la justice du département d’État américain.
La note du département d’État précise que l’organisation terroriste qu’il dirige est «responsable de l’enlèvement et du meurtre d’Américains», notamment de Christopher Leggett, un humanitaire assassiné à Nouakchott en juin 2009. Le 9 septembre 2015 Abou Obeida Youssef el-Annabi avait été blacklisté par Washington qui lui avait attribué le statut de «Terroriste mondial spécialement désigné» (SDGT). Quelques mois plus tard, il était inscrit sur la liste des terroristes des Nations unies.
De l’université au terrorisme
Né le 1er janvier 1969 à Annaba, ville maritime située à 500 kilomètres à l’est d’Alger, Yazid Mebarek a rejoint le parti du Front islamique du salut (FIS) dès sa création en 1989.
En 1993, après avoir décroché un diplôme en sciences économiques, il a décidé de rejoindre l’Armée islamique du salut (AIS), le bras armé terroriste du FIS. Abou Obeida Youssef el-Annabi passe ensuite vers le Groupe islamique armée (GIA) avant de participer à la création du Groupe pour la prédication et le combat (GSPC) qui deviendra Al-Qaïda au Maghreb islamique suite à la déclaration d’allégeance à l’organisation d’Oussama Ben Laden en janvier 2007.
Proche de l’émir d’AQMI* Abdelmalek Droukdel, éliminé par l’armée française au nord du Mali le 3 juin 2020, Abou Obeida Youssef el-Annabi a officié durant plusieurs années en qualité d’exégète et de responsable de la communication de l’organisation terroriste. Le 21 novembre 2021, il est projeté à la tête d’AQMI mais reste depuis particulièrement discret. Akram Kharief, directeur de MenaDéfense, une plateforme en ligne spécialisée dans les questions de sécurité, explique à Sputnik qu’il se trouve probablement dans l’est de l’Algérie.
«Il devrait être entre l’Algérie et la Tunisie, certainement dans la zone frontalière entre les deux pays. Depuis sa nomination à la tête d’AQMI, il a organisé très peu d’actions. Abou Obeida Youssef el-Annabi n’affiche pas sa volonté d’aller au combat. Le peu d’hommes dont il dispose effectivement sont toujours en mode survie», indique Akram Kharief.
Blessé à la jambe lors d’un accrochage avec l’armée algérienne en 2009 dans la région de Tizi-Ouzou, Obeida Youssef el-Annabi est à l’image de l’organisation terroriste dont il a hérité: très affaiblie et peu combative. Selon le directeur de MenaDéfense, il souhaite pourtant «concentrer les actions de son organisation en Algérie». Mais il est peu probable qu’il parvienne à mettre en œuvre cette stratégie face au bouclage sécuritaire des services antiterroristes algériens.
La récompense offerte par Washington va compliquer encore plus sa situation. Désormais, il sera obligé de se méfier de ses ennemis -ou des ses propres éléments- qui pourraient être attirés par cette forte prime
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