Le patron de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure de l’Algérie (DGSI – service de renseignement intérieur), le Général Abdelghani Rachedi, a fait, fin mars 2021, un déplacement éclair, et dans le plus grand secret, à Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis, en apportant avec lui dans sa sacoche de nombreux dossiers confidentiels.
Cette délicate mission du patron du service secret algérien, envoyé par le Chef d’Etat-Major de l’armée et homme fort du pays, le Général Said Chengriha en personne, consistait à convaincre les hauts responsables émiratis sur un sujet particulièrement sensible en Algérie, alors que le pays est au bord de l’asphyxie économique et financière.
Le Général Rachedi avait pour mission de quémander aux responsables émiratis de repérer les dizaines de milliards de dollars placés à Dubaï par des dizaines d’anciens responsables civils et militaires algériens établis dans l’Emirat dans le contexte de l’incertitude politique qui prévaut en Algérie.
Cependant l’argumentaire du Général Rachedi n’a pas convaincu, ni suscité l’enthousiasme des autorités émiraties en raison de la persistance de relations glaciales entre les deux pays depuis l’arrivée au pouvoir du Président Tebboune en décembre 2019 ; le Général Rachedi s’en est ainsi retourné en Algérie tout bredouille. Quelle humiliation !
Il est à noter que les relations entre Abou Dhabi et Alger sont, jusqu’à présent, marquées par de vives tensions, et ce, depuis 2020, date à laquelle les responsables émiratis ont dénoncé clairement l’alignement systématique du régime algérien sur les positions turques dans le dossier libyen et sur d’autres dossiers régionaux.
Cette tension avait atteint son paroxysme, le 20 septembre 2020, à la suite des propos du Président Tebboune sur les pays arabes qui normalisent leurs relations avec Israël. Le Président algérien ne s’était pas contenté de dénoncer cette normalisation, mais avait ciblé directement les Emirats Arabes Unis qui se rapprochaient de l’Etat Hébreu.
Les émirats ont accusé le Président algérien de vouloir torpiller plusieurs de leurs intérêts en Algérie et dans la région du Maghreb et le soupçonnent de mener une politique anti-émirats ; un positionnement qui irrite Abou Dhabi au plus haut point.
Force est donc d’admettre que depuis l’arrivée d’Abdelmajid Tebboune au pouvoir et en raison de ses compromis avec le lobby turc, les relations entre les deux pays ont été totalement sabotées et dérivent vers une dangereuse guerre froide.
Abou Dhabi a menacé l’Algérie de revoir totalement sa coopération économique et bilatérale si les autorités algériennes continuent de s’allier avec les lobbys anti-émiratis dans la région et les hauts responsables émiratis considèrent que le régime algérien dirigé par les militaires n’a pas de légitimité populaire, voire pas d’avenir.
De quoi donner des sueurs froides aux dirigeants algériens à la veille du mois de Ramadan, et ce, alors que les étals des marchés publics sont quasiment vides ; les rares produits qu’on y trouve affichent des prix stratosphériques pour le citoyen algérien.
Le mois de Ramadan devrait s’annoncer très chaud pour le régime algérien, face à un Hirak qui ne décolère pas.
Farid Mnebhi.