En Mauritanie, c’est la première fois qu’un organisme parapublic évoque les conditions de détention de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont les avis des uns et des autres restent très divergents quant au traitement carcéral dont il fait l’objet depuis son déferrement en prison.
On se souvient, le porte-parole du gouvernement de la Mauritanie Moctar Ould Dahi interrogé sur les circonstances de cette détention de l’ex Chef de l’Etat, s’est très vite dérobé face aux médias embarrassants, s’empressant d’inscrire l’affaire dans un cadre strictement juridico-judiciaire loin de tout ingérence de l’Exécutif.
Indexé à tort ou raison d’atteinte à la liberté, de règlement de compte politique et d’autres charges, l’Etat avait cruellement besoin de communiquer à l’opinion publique à propos des circonstances d’une détention d’un ancien président, dont les avocats du collectif de défense ont affirmé au cours d’une récente conférence de presse que les conditions de détention de leur client sont très mauvaises, dés lors où « il est détenu dans l’isolement arbitraire, contrairement à toutes les lois du pays », affirme son président Me Mohameden Ould Ichedou.
Cherchant à contacter Ould Abdel Aziz pour faire l’état de lieu de son incarcération et en donner teneur à l’opinion publique, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CDNH) se vit quant à elle qualifiée de persona non grata.
Une semaine après, c’est le tour du Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNPT), qui chercha à contacter en vain et pour les mêmes raisons l’ancien Chef de l’Etat, lequel, a refusé également de recevoir cet organisme quasi-public, même s’il jouit d’une certaine indépendance dans l’élaboration des communiqués et la publication de rapports relevant de son domaine d’intervention.
Mais, à la différence de la CNDH, le Mécanisme en Mauritanie indique s’est renseigné auprès du régisseur de la prison au sein de laquelle est détenu l’ex Chef de l’Etat sur ses conditions d’emprisonnement.
« L’intéressé n’a pas accepté de rencontrer la délégation du Mécanisme National de Prévention de la Torture qui a néanmoins pu vérifier avec le régisseur du lieu que l’ex-Président bénéficie de bonnes conditions de détention », indique le MNPT dans un communiqué publié le lundi 5 juillet dernier.
Rappelons que la CNDH et le MNPT ont convenu dernièrement d’unifier l’action des deux institutions et de redoubler d’efforts pour faire avancer les droits de l’homme dans le cadre de l’État de droit, de liberté et d’égalité.
48 heures après, la CNDH visite le lieu de détention de l’ex Chef de l’Etat Ould Abdel Aziz sans pouvoir le rencontrer, avant que le MNPT ne lui emboite le pas, sans succès également, près de 10 jours après.
Reste à savoir si ce regain brusque du partenariat entre les deux institutions, qui existaient depuis des années est téléguidé par des mains invisibles au sein de l’Etat afin que ce dernier puisse se dédouaner d’un imbroglio politico-judiciaire où il est parfois point du doigt.