Dakar, avec seulement 550 Km2, soit 0,8% du territoire national, et concentrant au plan démographique, 23% de la population sénégalaise, soit 3,9 millions d’habitants, abrite la quasi-totalité des entreprises, des infrastructures portuaires, aéroportuaires et des sphères administratives. Du fait de son « hypertrophie », la capitale condense tous les problèmes du Sénégal, décrit le représentant des jeunes, Moussa Tine, intervenant lors du Conseil présidentiel sur l’emploi et l’insertion des jeunes.
D’après son rapport qu’il a présenté au chef de l’État, Macky Sall, au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, la situation de l’emploi au niveau de Dakar se présente comme suit : l’effectif des jeunes âgés entre 15 et 24 ans déscolarisés, sans emploi ou formation qualifiante, est estimé à 163 018 personnes.
« La région de Dakar a une problématique de déscolarisation, de formation mais aussi de formalisation de certains jeunes désirant entrer dans le marché de l’emploi mais sans aucune forme de formation préalable. 48% des travailleurs répertoriés dans la région de Dakar, situés dans la tranche d’âge 15-34 ans, sont des salariés. 32% parmi eux exercent dans l’emploi de type indépendant non agricole, 32% sont des indépendants agricoles. Les apprentis stagiaires constituent 17%, les services 43%, l’industrie 32%. Ces secteurs demeurent les branches d’activités qui emploient le plus dans la région, chez les jeunes. Toutefois, la région a recensé, en 2018, 111 610 chômeurs avec une prédominance de la tranche d’âge 15-35 ans », a-t-il appuyé.
Par ailleurs, « la région dispose de nombreuses potentialités : pêche, élevage, agriculture, secteur informel et privé à forte potentialité d’emplois, disponibilité d’un tissu industriel, de ressources énergétiques fortes, présence d’opérateurs économiques, etc. » Mais a-t-il souligné : « ces potentialités énumérés peuvent être des opportunités pour booster l’emploi des jeunes et les faire espérer des lendemains meilleurs par une meilleure organisation des activités. Un accompagnement de l’État (financement, formation). »
« Mettre à profit les atouts de la région de Dakar pour créer 126 121 emplois »
Dans le secteur de l’artisanat, il urge, selon lui, « d’aller vers la création de pôles de métiers au niveau des communes pour moderniser davantage le secteur. L’exploitation du marché de la demande dans certains sous-secteurs comme l’agriculture, la pêche, l’élevage, le transport, les services notamment les transferts d’argent, la culture urbaine, peuvent être des réelles opportunités pour les jeunes. »
D’autant plus qu’a-t-il indiqué : « mettre à profit des atouts de la région permettrait 126 121 emplois dans les différents secteurs d’activités recensés lors des travaux des comités chargés de préparer les réunions des CDD au niveau des département et du CRD au niveau régional. »
« Malgré l’important potentiel dont dispose la région de nombreux facteurs peuvent être considérés comme des écueils pour l’accès des jeunes à un emploi », a-t-il relevé, citant « l’insuffisante capacitation des jeunes avant l’octroi des financements, l’inadéquation parfois entre la demande et l’offre, l’inexistence d’infrastructures dédiées à la jeunesse dans le département de Dakar, l’insuffisante implication des collectivités territoriales dans la problématique de l’emploi et de l’insertion des jeunes. »
Parmi les recommandations, il a été sollicité d’encadrer et de financer les projets des jeunes pêcheurs afin de redynamiser l’activité, de revoir le différé des crédits pour permettre aux bénéficiaires de rembourser sans nuire à leur activité, de favoriser l’esprit d’initiative des jeunes pour aller vers le financement de projets collectifs à fort impact sur le marché de l’emploi, de nouer un partenariat fécond avec la chambre des métiers pour accéder aux artisans.
Tine a également insisté sur l’achèvement du DAC de Sangalkam, en plus « de mettre le focus sur des secteurs innovants comme l’énergie solaire, le secteur du pétrole et du gaz, les mines, l’agriculture moderne, les métiers issus du sport et de la culture urbaine, de développer l’esprit d’entreprise à l’école et dans le mouvement associatif », entre autres.
emedia