La junte militaire au Burkina Faso a rétabli, lundi 31 janvier, la Constitution du pays, suspendue depuis sa prise de pouvoir il y a une semaine, tout en modifiant les institutions « en attendant la mise en place des organes de transition ».
Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, junte) « assure la continuité de l’Etat en attendant la mise en place des organes de transition », déclare un « acte fondamental » de 37 articles lu à la télévision nationale par le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré. Il précise que « l’acte fondamental lève la suspension de la Constitution » qu’il complète pour la période de transition jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel à une date qui n’est pas précisée.
La junte au pouvoir est ainsi composée d’un président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, de deux vice-présidents, d’un coordonnateur et de commissions, mais aucun nom n’est mentionné. Le président du MPSR est le « président du Faso, chef de l’Etat, chef suprême des forces armées nationales », souligne l’article 28 de cet acte.
L’acte fondamental garantit l’indépendance de la justice et la présomption d’innocence, ainsi que les libertés fondamentales contenues dans la Constitution, en particulier la liberté de circuler, la liberté d’expression et celle de la presse. Un décret également lu à la télévision a par ailleurs mis fin aux fonctions du chef d’état-major des armées, Gilbert Ouédraogo.
Le pays suspendu par l’Union africaine
Un peu plus tôt, l’Union africaine (UA) avait annoncé dans la matinée la suspension du Burkina Faso de toutes ses activités au sein de l’organisation continentale. « Le Conseil décide (…) de suspendre la participation du Burkina Faso à toutes les activités de l’UA jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays », a annoncé par un tweet le Conseil de paix et sécurité, chargé des conflits et questions de sécurité au sein de l’UA.
Le pays avait également été suspendu, vendredi, des instances de la Cédéao, comme d’autres pays ayant récemment connu un coup d’Etat militaire, la Guinée et le Mali.
Une délégation de chefs de la diplomatie de la Cédéao était attendue, lundi, dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, où elle devrait s’entretenir avec les membres de la junte, au pouvoir depuis une semaine. Les militaires ont pris le pouvoir le 24 janvier et placé en résidence surveillée le président Roch Marc Christian Kaboré.
Comme ses voisins malien et nigérien, le Burkina Faso est pris, depuis 2015, dans une spirale de violences attribuées à des mouvements djihadistes affiliés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique, qui ont fait au moins 2 000 morts et 1,4 million de personnes déplacées.
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Le Monde avec AFP