On peut le dire, depuis 1987 après l’assassinat de Thomas SANKARA, aucun discours burkinabè, sinon autochtone n’a été livré aux Burkinabè. Blaise faisait de la parodie, Roch était le spécialiste de la redondance et DAMIBA s’est livré à la poésie parnassienne. Rien des discours politiques ne répondait aux exigences de la Nation. Même le niveau de langue était creux, vague ou vulgaire. En trente-cinq ans, aucun président n’a été honnête avec lui-même et le peuple burkinabè. Des affabulateurs, des manipulateurs, et pratiquement des délinquants, nous les avons vus à Koulouba et enfin à Kossyam.
Hier soir, le jeune capitaine Ibrahim TRAORE a livré le premier discours burkinabè depuis la révolution. Ce discours est, avant tout, le symbole du courage. Oui, nos traditions disent que la vérité appartient aux plus âgés, le savoir se trouve dans l’âge et les papiers universitaires . Il fallait du courage au jeune capitaine pour lire son discours. C’est peut être pour cela que rien n’a été vraiment préparé pour être lu. C’est aussi la volonté de s’assumer qui caractérise ce discours. Le capitaine ne cherche pas des boucs émissaires. L’armée a failli à sa mission républicaine. Ibrahim est un officier militaire et c’est lui qui l’a dit. Oui, l’armée, c’est la société. Ils sont rares nos militaires qui aiment la Nation. Nos officiers sont souvent de simples paresseux arrogants et imbus d’eux-mêmes qui volent, braquent et dilapident les ressources de la Nation.. Et Ibrahim s’accuse pour mieux accuser les autres. Le tableau qu’il dresse est le plus réaliste qui soit. J’ai marché. J’ai parcouru. Il n’y a pas de ponts. Il n’y a pas de route. Le jeune homme parle dans un langage cru, dans le langage de la vérité.
Et pour finir, le discours du président est simple. Ibrahim refuse le pédantisme comme Blaise et Roch qui lisaient des phrases qu’ils ne comprenaient pas. Roch s’est même permis l’utilisation du subjonctif imparfait. Blaise lisait des discours écrits par de pauvres grammairiens affamés au service du prince, sinon du dictateur. Ibrahim livre un discours simple, accessible et compréhensible, pour tout dire c’est un discours burkinabè pour les Burkinabè. Mais le jeune capitaine sait aussi respecter les aînés. Il refuse la vulgarité incarnée par DAMIBA, cet homme aux mille vices et à la moindre vertu.
Ibrahim est Burkinabè. Et il parle aux Burkinabè. C’est enfin l’espoir. C’est une étoile qui scintille. C’est un espoir qui est né. On nous a insulté parce que nous avons refusé de soutenir Roch, le spécialiste de la corruption. On nous a insulté parce que nous avons refusé de soutenir DAMIBA, l’inintelligent, le roublard. En réalité, nous ne sommes pas né pour critiquer, pour dire que tout est mauvais. Nous n’avons pas vu le bien. Nous ne mangeons pas dans la politique ou les OSC. Nous avons un formidable travail qui apporte de l’argent. Partout où le mérite s’installe, nous apporterons notre soutien.
L’espoir est permis au Burkina, désormais. Mais la lutte sera difficile, âpre.
Adama Amadé SIGUIRE
Écrivain Professionnel/ Consultant