Le chef de l’État va annoncer ce mercredi la fin officielle de l’opération Barkhane contre les jihadistes au Sahel après le départ des derniers soldats français en août.
Trois mois après le retrait des troupes françaises, Emmanuel Macron va annoncer mercredi la fin officielle de l’opération antijihadiste Barkhane lancée en 2014 au Sahel, indique l’Élysée.
Le chef de l’Etat, en visite à Toulon, doit prononcer un discours qui sera notamment « l’occasion de marquer officiellement la fin de l’opération Barkhane et d’annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique », a-t-on précisé de même source.
Après la montée des critiques contre les forces françaises par les pouvoirs politiques locaux, notamment au Mali, le chef de l’État avait annoncé en février dernier le retrait des troupes françaises engagées dans le pays.
L’annonce d’Emmanuel Macron sera sans conséquences sur le dispositif militaire français dans la région, alors que quelque 3000 militaires français sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso.
« Réduire la visibilité de nos forces militaires »
La force a compté jusqu’à 5500 militaires au plus fort de son déploiement dans le Sahel. Poussée hors du Mali par la junte au pouvoir depuis 2020, qui travaille désormais, même si elle s’en défend, avec le groupe paramilitaire russe Wagner, l’armée française a définitivement quitté le pays mi-août, après neuf ans de lutte antijihadiste.
Elle reste pour autant dans la région et continue à lutter contre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui étendent progressivement leurs activités vers les pays du Golfe de Guinée.
Selon l’Élysée, le principe est « de réduire l’exposition et la visibilité de nos forces militaires en Afrique, de se concentrer sur la coopération et l’appui (…), principalement en termes d’équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel lorsque les pays le souhaitent ».
Dès l’annonce en février du départ du Mali, la France avait annoncé sa volonté de lancer des discussions avec les Etats africains sur ce dossier.
Contrer l’influence russe
Même si elle n’entend pas abandonner la lutte anti-jihadiste, Paris doit composer avec une opinion publique africaine de plus en plus hostile et au sein de laquelle l’influence de puissances rivales, Moscou en tête, se renforce via les réseaux sociaux et les médias officiels.
Un récent rapport de l’Institut de Recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem), dépendant du ministère français de la Défense, décrivait ainsi au Mali la « prolifération de contenus de désinformation en ligne, le plus souvent destinés à dénigrer la présence française et justifier celle de la Russie ». Il constatait aussi la contagion au Burkina voisin.
« Nos soldats restent couverts, protégés, soutenus, administrés dans des conditions qui sont satisfaisantes » mais l’annonce officielle est « nécessaire localement », a-t-on ajouté à l’Élysée.
L’idée désormais est de continuer à agir, mais en discrétion. Aucun nouveau nom n’a été semble-t-il donné aux troupes désormais déployées. « Dans le champ des perceptions, Barkhane continue d’occuper une présence très importante sur les réseaux sociaux. Il faut y mettre clairement un terme pour pouvoir basculer sur une autre logique », a-t-on conclu.
AFP