C’est un antiviral redirigé contre le SARS-CoV-2, qui semble montrer une efficacité prometteuse. Le molnupiravir est une pilule contre le coronavirus en cours d’étude, développée par la société pharmaceutique américaine Merck, en collaboration avec Rodgeback Bio.Newsletter info
On est loin encore de la mise sur le marché, mais les deux sociétés ont publié une évaluation intermédiaire de leur étude de phase 3 : cette pilule a été testée sur 775 patients à risque, qui avaient été testés positifs et présentaient des symptômes légers ou peu prononcés. Dans le groupe qui a reçu le médicament antiviral, 7,3% ont été admis à l’hôpital.
Par contre, dans le groupe témoin, qui a reçu un placebo, ce chiffre était deux fois plus élevé, 14%. Huit personnes du groupe placebo sont décédées à cause du Covid-19, mais aucune dans le groupe recevant du molnupiravir. Les résultats n’ont néanmoins pas encore été publiés. On ne dispose pour l’instant qu’un d’un communiqué de presse, pas des données.
Avant cette phase 3, le molnupiravir a bien entendu franchi les phases précédentes : il a d’abord montré une efficacité sur l’animal, à savoir le hamster, infecté par des variants du SARS-CoV-2. Il a aussi montré une efficacité en phase 2 sur l’homme.
Pour Nicolas Dauby, infectiologue au CHU Saint-Pierre et chercheur FNRS, ce médicament est prometteur : « C’est un médicament antiviral oral, avec une activité large contre les virus à ARN. Il a été développé par l’université d’Atlanta. Il a une activité antivirale démontrée contre le SARS-CoV-2, agent du Covid-19 : une décroissance plus rapide de la charge virale au niveau nasopharyngé. Les données communiquées par Merck sont très encourageantes. La preuve qu’une intervention antivirale précoce pouvait impacter de manière positive l’évolution du Covid-19 avait déjà été démontrée avec les anticorps monoclonaux.«
L’avantage de l’oral
Ce n’est pas la première fois qu’un médicament montre un bénéfice clinique : les anticorps monoclonaux ont montré une efficacité contre le SARS-CoV-2. Mais ils ne sont pas simples à administrer et coûtent cher.
Un autre avantage, si le molnupiravir, franchit toutes les étapes avec succès, explique Nicolas Dauby : « Donc, ici, c’est la première fois qu’un médicament antiviral que l’on peut prendre par la bouche démontre également un bénéfice clinique. C’est important car les anticorps monoclonaux ont un prix important, ils doivent être administrés par voie intraveineuse, dans un milieu hospitalier spécialisé. Ici, on a un médicament oral que le médecin généraliste peut donner immédiatement au patient à risque de complications. Le molnupiravir est également intéressant car il permet de diminuer rapidement la charge virale et donc de diminuer potentiellement la contagiosité des sujets infectés et donc de casser les chaînes de transmission. »
Si la pilule obtient le feu vert des autorités compétentes, elle sera le premier médicament oral anti-coronavirus. Les deux sociétés ont annoncé qu’elles soumettraient les résultats à l’autorité américaine chargée des médicaments, la FDA, dans les meilleurs délais. On ne sait pas encore si elles soumettront également leur dossier en Europe.
RTBF