L’ancien Directeur de la Sureté de l’Etat et ex commissaire Deddahy Ould Abdallahi vient d’accorder une interview feuilleton au site arabophone El Fikr.
Un entretien repris en intégralité par Cridem Online après avoir pris soin de le traduire avec le maximum de fidélité, dans le souci semble-t-il , de permettre aux mauritaniens non arabisants d’être informés du moindre détail de la « vision » personnifiée et orgueilleuse de l’un des puissants acteurs de l’histoire sombre de la Mauritanie, incluant les règnes des ex présidents Mohamed Khouna Ould Haidalla et Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
Dans un extrait relatif à sa perception incomplète des FLAM, l’ex commissaire risque de soulever un grand tollé par ses allégations accusant sans détours ce mouvement de raciste.
Ci-après cette partie de l’entretien dont Senalioune reviendra sur d’autres aspects controversés eux aussu, avec l’espoir de recueillir très vite les mises au point faites par les leaders encore en vie des FLAM et des FPC sur cette sortie virulente sortie de Deddahi, à un moment où le pays tâte le terrain du dialogue politique inclusif afin de dépasser ses divergences et jeter les fondements d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même :
Question : Quelle est la raison de votre confrontation avec le mouvement FLAM ?
DOA : Le mouvement FLAM, comme le reste des mouvements, sachant que tout mouvement a une cause, est une organisation créée par des mains étrangères en Mauritanie. Selon les enquêtes approfondies et les recherches minutieuses que nous avons menées en 1986, nous avons constaté que ceux qui ont ordonné la fondation du mouvement FLAM et ceux qui ont été chargés de le créer étaient d’origine étrangère, comme le reconnaissent d’anciens nègro-mauritaniens appartenant à leurs composantes connues de tous.
Tout le monde sait, qu’à l’époque du colonialisme et du début de l’État Nation, les étrangers avaient une présence importante dans les organes étatiques, que leur progéniture est restée ici. C’est ce qui fait que les négro-mauritaniens se sont sentis harcelés et marginalisés au profit de ces étrangers. C’est cela la raison des mouvements nègres survenus dans les années soixante-dix du siècle dernier. Ceux qui avaient publié ce manifeste avaient soulevé le problème de leur harcèlement par des éléments noirs étrangers, qui ont occupé leur place en Mauritanie.
Il n y avait pas avant 1966 de mouvement en Mauritanie, comme il n’existait pas de mouvement raciste.
Le mouvement des FLAM a été créé en 1983 et c’est à la suite des instructions avec ses éléments en 1986, que nous avons découvert, que c’est un non mauritanien qu’il est à l’origine de l’ordre de sa création, selon les aveux de ses éléments arrêtés à l’époque et touchés par l’enquête.
Chaque fois que l’enquête est achevée et qu’il y a des soupçons d’implication sur le dit mouvement qui pèsent sur une personne ou un groupe de personnes, son agissement est qualifié d’acte légalement interdit et punissable et porté à la connaissance du procureur de la République, qui reçoit en même le PV relatif aux accusations portées contre lui ouvrant la voie au processus de jugement.
A propos des instigateurs de la tentative de coup d’État raciste qui a eu lieu en 1987, ils avaient fait l’objet du même procédé. 99% d’entre eux sont des civils. Tout le monde doit comprendre que l’enquête avec le suspect est le rôle de la police judiciaire auprès des services de la sureté. Cet aspect est effectivement géré par le procureur de la République en sa qualité de responsable central de la police judiciaire.
Question : Quelle est la conclusion la plus importante de vos instructions au sujet de ce coup d’État ?
DOA : La chose la plus importante à laquelle nous sommes parvenus est qu’il s’agit d’une tentative de coup d’État militaire raciste, menée par une organisation secrète avec une aile militaire derrière laquelle se tiennent des étrangers.
Vous devez savoir que certains de ces mouvements clandestins ont des ailes militaires. L’homme qui se trouve à la phase des études, peut intégrer un mouvement quelconque, passe l’examen de l’armée et devient officier alors qu’il a adopté cette idéologie et assiste aux réunions secrètes.
Nous détenons les preuves de cela, et c’est rare de trouver l’un des mouvements idéologiques qui n’a pas une aile militaire qui nourrit l’organisation d’un putsch dans le but de concrétiser les principes de ce mouvement.
Concernant le mouvement des FLAM, la chose la plus importante que nous ayons conclue est qu’il s’agit d’un mouvement raciste à cachet extérieur, cherchant à renverser le régime mauritanien au profit d’une certaine race.
Le paradoxe à ce stade est que c’est la seule tentative de coup d’État survenu dans ce pays dont tout le monde s’accorde pour dire qu’elle est purement raciste. Le coup d’État est, en principe, criminel, proscrit et illégal, à plus forte raison quand il a un caractère raciste.
Question : Les rumeurs diffusées par les services de renseignement de l’époque, selon lesquelles, les fomenteurs comptaient recourir à une épuration ethnique, étaient-elles exactes ?
DOA : Il est de tradition pour les services de renseignement de ne répandre des informations, sauf en cas de détention de preuves, de n’intervenir que s’ils sont autorisés, mais nous ne le faisons qu’en temps opportun. Le Mouvement des FLAM a publié son document, qui est disponible sur Internet, et comme indiqué dans la déclaration du soi-disant flambeau africain, le but de sa création est de préparer psychologiquement et militairement les noirs afro-mauritaniens à prendre le pouvoir dans ce pays, dont ils sont les premiers ayant-droits.
Question : Certains éléments de mouvement ont-ils fui pendant les arrestations ?
DOA : Il n’y a pas d’arrestations parmi les mouvements secrets qui ne sont pas marquées par des cas de disparition ou de fuite de certains de leurs membres, toutefois tous ceux qui ont été trouvés avaient été conduits devant la justice.
Question : Avez-vous exercé sur eux la torture ?
DOA: Je n’en ai pas connaissance et j’étais le directeur de l’enquête. Mais, la simple arrestation est considérée en soi comme de la torture dans l’esprit du détenu. Il y a quelques jours, la police a arrêté des individus qui avaient affirmé avoir été torturés, alors qu’ils avaient été seulement interrogés par un officier, qui ne leur a demandé que leurs noms et des informations personnelles.
Pour simplifier, quand le policier qui organise la circulation demande au chauffeur, pourquoi il a brulé le feu rouge, cela constitue aux yeux de beaucoup une insulte et une torture, alors que ce n’est pas le cas.
Question : Y a-t-il eu des arrestations après au sein de ce mouvement ?
DOA: Tout ce que je sais sur la question des interpellations, est l’arrestation des membres de l’organisation en 1986 puis celle des éléments de la tentative de coup d’État de 1987.