Cela doit être propre aux dirigeants africains que nous sommes et doit constituer à ne pas en douter une autre forme de corruption passive, qu’aucun limier de l’Inspection Générale de l’Etat ne pourra identifier.
Pourtant cette corruption couterait plus au trésor public que toutes les malversations et détournements faits par des fonctionnaires publics.
Plus, elle n’a rien à envier, eu égard à sa récurrence, à la décennie de corruption.
C’est aussi une corruption qui peut être entretenue et développée dès lors où elle évolue dans un cadre caractérisé par l’absence de conscience publique, le laisser-faire et l’impunité.
Il s’agit, à titre non exhaustif, de cette navette régulière effectuée par le Premier ministre Mohamed Ould Bilal et sa suite, avec ce que cela engage comme dépenses énormes, entre l’aéroport international Oumtounsy de Nouakchott, situé à 50 km du centre-ville et la Primature, pour saluer le Président de la République, tant au départ qu’à l’arrivée.
Soyez objectif, Ould Bilal ne pourrait-il pas saluer le Président à son départ ou arrivée au palais présidentiel ?
Il y tout de même une grosse différence en termes de dépenses publiques définitivement perdues pour une excursion du PM qui fait perdre par ailleurs à la Primature 4 heures de temps gâchés pour un cérémonial digne de dirigeants irréfléchis.
Un protocole très primitif abandonné depuis des décennies par les pays développés et les Etats tenaces à observer une politique d’austérité et de rationalisation des dépenses publiques, pour orienter les fonds de l’Etat vers les projets de développement et l’amélioration des conditions des couches démunies ainsi que des personnels de l’enseignement et de la santé.
Le départ et l’arrivée du Président mobilisent par ailleurs d’autres importants moyens dont la Mauritanie peut s’en passer, eu égard à la nécessité du pays de penser à solder sa dette, à augmenter les salaires des enseignants, à recruter les jeunes diplômés chômeurs et à investir dans des projets rentables au lieu d’engager des dépenses définitives et perdues dans des grandes cérémonies et fêtes sur fond de pauvreté et d’endettement.
Cette corruption passive se trouve également très répandue dans d’autres activités publiques telles que les cérémonies d’inauguration, de pose de la première pierre, d’inauguration, d’ateliers, de colloques …etc.
Il est paradoxal pour un Etat endetté et quémandeur d’investissements de ne pas méditer avant tout sur la bonne gestion de ses propres ressources pour en tirer le meilleur profit.
En effet, comment peut on investir et réaliser des gains si le Président, le Premier ministre et les membres du gouvernement ainsi que les directeurs généraux sont inconscients des dépenses énormes et régulières faites à l’occasion de cérémonies onéreuses qui n’ont aucun impact positif sur la vie de la nation telles que saluer le Chef de l’Etat à chaque déplacement et organiser des cérémonies en grandes pompes pour des inaugurations de projets condamnés à l’échec.