Il n’y pas de ministres incompétents je l’ai toujours dit et je persiste et signe. Mais parfois il y’a des ministres moins performants que d’autres et la raison est très souvent liée à des facteurs multiples.
Un ministre est nommé pour mettre en application la politique du gouvernement auquel il appartient. Malheureusement, le plus souvent il reste tributaire de son proche entourage : (chargés de missions, conseillers etc..)
L’actuel Premier Ministre Mohamed Ould Bilal a pour une seconde fois présenté le rapport d’activité de son gouvernement et annoncé les perspectives de l’action de son gouvernement à court, moyen et long terme.
Ce qui signifie dans les faits que chaque ministre, en ce qui le concerne doit mettre en œuvre les aspects des perspectives de ce programme qui relèvent des attributions de son département. En principe comme je l’avais dit dans un précédent article, cela ne nécessite pas du ministre forcément des aptitudes académiques poussées. Cela ne nécessite que d’accomplir une tâche pour laquelle un balisage est déjà tracé, et des moyens sont disponibles.
Si un ministre est entouré de collaborateurs conscients, responsables, compétents et soucieux de la bonne gouvernance, même si ce ministre n’est pas « compétent » dans la « nature » du porte-feuille qu’on lui confie, son travail affichera des résultats performants.
Si par malheur un ministre est entouré de collaborateurs incompétents et corrompus il sera évidemment toujours handicapé dans son travail, ses performances seront réduites et parfois même son travail peut, -ce qui est grave-, influer sur toute la politique du gouvernement et par-delà sur le programme du chef de l’état.
Des ministres téléguidés » par leurs proches collaborateurs.
Le Président de la république Mohamed Oud Cheikh El Ghazouani et son Premier Ministre Mohamed Ould Bilal, travaillent en synergie sur des objectifs à atteindre. Ces objectifs ciblent le respect des engagements pris par le chef de l’état lors de sa campagne électorale.
Si le chef de l’Etat et son Premier Ministre ne sont pas épaulés par les responsables à tous les niveaux de la chaine de la mise en application du programme électoral du chef de l’Etat, la machine grincera évidemment et nécessitera à chaque fois des révisions « ciblées ».
Le dernier remaniement, qui a remercié des ministres dont les cotes de popularités étaient très élevées est un remaniement qui a suscité beaucoup d’interrogations. Ce qui est certain c’est que Mariam Mint Bekaye, Emal Mint Sidi Ould Cheikh Abdallahi Dy Ould Zeine et Taleb Ould Sid’Ahmed ne pouvaient avoir été écartés que par de très fortes pressions exercées sur le régime par des « forces occultes » qui ne peuvent pas évoluer dans un environnement de progrès.
Ces forces occultes constituent un Lobby qui appartient à la secte des « intouchables ». Ces individus qui ne veulent pas accepter que le pays enregistre des progrès mesurables dans certains domaines comme l’enseignement supérieur, la pêche ou l’environnement durable véritables « tendons d’Achille » de tous les régimes.
Le cadeau empoisonné offert à Ghazouani.
Le président Ghazouani, a hérité d’un pays dont la santé économique et financière était très fragile. A son arrivée au pouvoir en août 2019, les caisses du trésor étaient « raclées », les réservés de devises de la BCM était contaminées par de billets « scannés » et tous les projets pour lesquels des financements avaient été obtenus avant son arrivée au pouvoir, étaient tous attribués avec complaisance et leurs avances consenties par mécanismes de détournements de derniers publics.
Ghazouani, qui voulait supprimer la « flagellation » de la sanction administrative.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Ghazouani avait fait la sourde oreille, refusant d’écouter et l’opposition, et la presse et même la rue. Tous ces acteurs solidairement avaient conseillé au nouveau président de se « débarrasser » de tous ceux qui sont nés à l’époque de la pandémie de gabegie sous Maaouiya donc, et qui ont grandis dans un environnement de pillage, de corruption et de sabotage économique sous Ould Abdel Aziz.
Ould Ghazouani un homme qui, -malgré tout ce qu’on lui attribue de négatif-, n’a rien à se reprocher, qui n’est pas connu dans les milieux de la délinquance financière ou économique a joué au sourd et au muet depuis août 2019. Ce que beaucoup ne savaient pas c’est que durant toute cette période, il n’a joué un instant à l’aveugle.
« Lorsque votre hôte vous déroule le tapis, ayez la bienséance de vous déchausser. » C’est ce que dit un proverbe. La bonne éducation qui caractérise la personne de Ould Ghazouani, n’est pas synonyme de faiblesse. Nous ne devons pas oublier que les vulcanologues rappellent toujours que : « le danger d’un volcan ce n’est pas pendant son sommeil. Le danger du volcan c’est à son se réveil. Sa lave peut emporter tout sur son passage ».
Et j’ai comme l’impression que la « coulée de lave » du très sage président Ghazouani, commence à faire ses premières victimes. L’ancien Directeur Général du Port Artisanal de la Baie du Repos (Nouadhibou) celui qui, à un moment de sa vie s’occupait des enfants en conflit avec la Loi, est depuis quelques temps lui-même en conflit avec cette Loi.
L’ancien Directeur général de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte du Sahel (14.2 milliards de dollars mobilisés grâce à la confiance faite par les bailleurs de fonds, -France, ONU et Banque Mondiale- à Ould Ghazouani et grâce à la compétence de l’ancienne ministre de l’Environnement Durable, Mariam Mint Bekaye), Mohamed El Houssein Ould Mohamed Legraa a été limogé lors du Conseil des Ministres du 27 avril 2022.
El Bagra’a, etem it’guoul wouli, wouli…ineine…..
On peut lire dans la mise en place de l’Inspection Générale d’Etat restructurée, renflouée par des compétences, par des moyens financiers et par une logistique importante, que le Premier « Gendarme » du pays (Ghazouani) est décidé désormais à mettre en place des radars d’observation et de contrôles plus efficaces. Ce qui veut dire en d’autres termes, qu’il ne veut plus payer pour les autres qui volent, pillent, détournent en l’exposant lui à la vindicte critique des citoyens qui lui faisaient confiance et qui commençaient à lui tourner le dos.
De plus en plus on avance dans le temps de ce « premier mandat », on se rend compte que le président Ghazouani est entrain de tisser intelligemment une toile d’araignée autour de l’essentiel tout en préservant les acquis. Le temps m’a donné raison. Il y’a plus de deux ans j’écrivais dans un article que le président Ghazouani adoptait la prudence et la sagesse du caméléon.
Le Caméléon est un reptile. Hampathé Bâ, le sage africain a dit que ce reptile possède toutes les vertus de la prudence. Même s’il se déplace dans un environnement qu’il connait bien, le caméléon change de couleur pour se confondre à cet environnement. Quand il se déplace, il n’évolue jamais sans avoir trois pattes agrippées et sa queue enroulée autour de la branche sur laquelle il évolue. Il n’avance jamais sans effectuer un balayage optique au tour de lui. Ses deux yeux peuvent effectuer des rotations sur des angles de 380° indépendamment l’un de l’autre. Le caméléon peut cracher un liquide neutralisant, mais il n’en fait usage qu’en cas d’extrême nécessité. Le caméléon aussi à une qualité qui lui est propre. Sa peau et sa viande est un remède utilisé contre beaucoup de maux par toutes les médecines traditionnelles africaines.
Le président Ghazouani depuis le 1er aout 2019, avance avec prudence. Avec sagesse, mais surtout avec une méthodologie qui imprime une marque qui lui est propre qui se définissait par : « tant que la sanction peut être évitée, il faut l’éviter. »
Des signes qui ne trompent pas.
Des observateurs politiciens et citoyens ont interprétés certaines nominations décidées récemment par Ould Ghazouani comme un retour en arrière. Raison de cette réaction, le retour aux affaires de Ould Chrougha, de Ould Abdel Fetah et de Naha Mint Mouknass dans le cercle très fermé des proches du nouveau président.
Erreur monumentale. Aucun de ces trois, qui sont tous des compétences avérées qui peuvent être mises en valeur pour le développement du pays, n’est en conflit avec la loi. Par ailleurs chacun d’eux est très compétent dans un domaine dont le président manque d’expertise. L’appel à leur service est donc très positif dans cet environnement nouveau où le développement est une priorité.
Ces trois responsables vont graviter autour d’un Secrétaire Général de la présidence Ould Waghef (perle rare) et vont capitaliser très certainement des acquis qu’il serait difficile de trouver ailleurs. Toutes ces nominations sont donc des signaux ne trompent pas sur la volonté du Chef de l’Etat d’apporter un souffle nouveau à la gestion de la chose publique.
Une dame de fer inoxydable.
L’autoroute que le président de la République cherche à faire emprunter par tous les responsables , c’est cette Mauritanie où désormais plus rien en rapport avec le détournement, le vol, la corruption et le pillage des ressources n’est permis. Ceux qui n’y croient pas encore auront de désagréables surprises.
Il n’y pas besoin d’aller loin pour chercher à le confirmer. La réunion organisée tout récemment par la Ministre, Secrétaire Générale du Gouvernement à la Primature le confirme. Cette dame de fer, n’est pas passée par quatre chemins pour dire à ceux qui signent les dépenses de l’Etat (les secrétaires généraux), que la récréation est terminée. Mais elle a ajouté sans le dire : « chacun de vous (Secrétaires Généraux) sera fouillé avant de retourner en classe et avant de rentrer chez lui ».
Zeinebou Mint Eh’Hednah, 45 ans, Administrateur Civil, Maitrise en droit public (Mention Bien), Hakem de Mougharaa (2007), Walye de région (2008-2011), Secrétaire générale de plusieurs ministères (2020-2022) et actuelle Ministre Secrétaire Générale du gouvernement (depuis Mars 2022) va faire trembler les secrétaires généraux qui n’ont pas entendus le coup de sifflet final de la fin de la récréation.
C’est en parcourant sa biographie que je me suis souvenue d’elle. Que je me suis souvenu de cette femme très forte de caractère qui ne tergiverse jamais et qui ne crache pas ses mots.
Pour la petite anecdote. Un jour j’étais en mission dans le Brakna. J’étais en compagnie d’un grand responsable de ce pays, respectable et respecté dont je vais taire le nom. Comme le veut la tradition, nous nous sommes rendus à la Wilaya pour informer la Walye de l’objet de notre mission. C’était très tôt dans la matinée, aux environs de 8 heures 30. On nous demande d’attendre dans le bureau du particulier. Quelques minutes après, le particulier de la Walye ou le garde (je ne me souviens plus c’était lequel), nous introduit dans son bureau.
Après échange de salutations d’usage, le responsable que j’accompagne explique à la Walye le but de la mission. Elle l’écoute sagement, poliment sans l’interrompre. Quand il avait terminé d’expliquer à la Walye l’objet de la mission, (par respect pour son interlocuteur), elle me fixe d’un regard très autoritaire et me dit : « Vous n’avez pas annoncé cette mission par message. Pourquoi ? » Très surpris par sa question mais sachant où elle veut en venir, je lui réponds très poliment : « nous avons omis de le faire Madame la Walye ».
Elle se retourne vers le responsable que j’accompagnais, le regarde droit dans les yeux et lui dit sans aucune gêne : « la prochaine fois que vous viendrez dans cette Wilaya sans prévenir par message, Mr le (….) je ne vous recevrais pas. Pour cette fois Bonne chance ! ».
Quand nous sommes sortis du Bureau de la Walye, j’ai posé la question au responsable que j’accompagnais : « Qui est ce phénomène qui nous parle sur ce ton ? » Il me répond : « C’est Mint Eh’midnah » j’enchaine : « Cette Mint Eh’mednah n’est pas polie. J’ai failli lui dire un mot déplacé ».
Nous reprenons notre route pour Boghé. J’étais au volant. Je conduisais calmement à cause de l’énervement. Nous n’échangeons pas de mots le responsable et moi. La scène de cette rencontre « foirée » avec la Waly et les mots échangés se bousculaient dans ma tête. C’était pour la première fois depuis les quarante ans de mon travail d’humanitaire que je rencontre une autorité pareille.
Nous terminons notre mission tout au long de laquelle je n’ai pas pu un seul instant oublier le visage de cette femme que je trouvais très arrogante. Sur le chemin de retour, on repasse devant la Wilaya de « Goueibina », un autre nom qu’on connait à cette ville riche d’histoire et d’événements (Congrès du PPM organisé du 2 au 5 mai 1958, assassinat de quatre français membres d’une même famille par Aqmi à la veille de la Saint-Sylvestre en 2007).
Je jette un coup d’œil sur le bureau de cette femme Walye et sans savoir pourquoi, spontanément et de manière inattendue je dis au responsable : « Mint Eh’Mednah tu dis ? Le pays a besoin de milliers de Mint Ehmednah pour que tout marche comme il le faut. Elle avait bien raison. Nous avons été irresponsables en nous rendant dans sa Wilaya sans avoir prévenu par message. Nous ne devons pas contribuer au laisser-aller que certains érigent en règle. Au contraire nous devons nous toujours montrer le bon exemple ».
C’est pourquoi, je suis persuadé, qu’il y’a des secrétaires généraux vont avoir des surprises avec Mint Eh’Mednah, cette dame de fer qui sort fraichement du Secrétariat Général d’un ministère en charge de la lutte contre le grand banditisme administratif et pénal.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant