« C’est avec une immense tristesse et une profonde affliction que je viens d’apprendre le décès brutal de mon frère et ami le Dr Kane Hamidou Baba. En cette douloureuse circonstance, je tiens à saluer la mémoire du disparu dont, la rectitude, l’engagement, le patriotisme et la fidélité aux principes resteront pour toujours gravés dans nos mémoires et dans nos cœurs ».
C’est en ces termes que le célèbre banquier, l’une des plus grandes fortunes de l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Bouamatou a exprimé ses condoléances au peuple mauritanien à la suite de la disparition tragique du Dr. KANE HAMIDOU BABA, homme politique père spirituel de la Mouvance « Unité et Cohésion Nationale ».
Mais ce n’est pas sous le profil du plus grand soutien financier des formations politiques que le « mécène national » Ould Bouamatou a signé ce message de condoléance très émouvant. C’est en sa qualité d’Homme Politique et Personnalité Publique Africaine que Ould Bouamatou président de la Fondation Africaine pour l’égalité des chances a adressé ce message au peuple mauritanien.
Si l’on considère, Mohamed Ould Bouamatou comme un baromètre de l’honnêteté politique, intellectuelle et morale fiable, ce qu’il est réellement -puisqu’il l’a prouvé durant sa traversée des années de braises imposée par le dictateur Ould Abdel Aziz, on peut conclure donc, que Kane Hamidou Baba est tout un symbole.
Et c’est vrai. KANE HAMIDOU BABA est tout un symbole. Un grand symbole, puisqu’il a toujours incarné cette Mauritanie unie et Réconciliée. Et, tout le monde l’admet, depuis son adolescence politique, son rêve a toujours été de pouvoir mener la Mauritanie à une alternance pacifique par la lutte politique et non par la violence.
C’est ce label qui lui est propre qui fait de lui un mérite national.
Sidi Ould Kleib, adressant ses condoléances a écrit sur sa page : « il a été apprécié, aimé, et continuera de l’être pour tous ceux qui l’ont approchés de loin ou de près ».
Sy Mamadou de son côté a noté : « il était d’une amitié forte pour tous…et il avait la générosité chevillée au corps ». ».
Aichetou Senoussi qui connaissait bien l’homme politique et qui l’aimait beaucoup a dit : « ses actions comme ses objectifs étaient conciliants, modérés et pondérés ».
« Un baobab est tombé. Hamidou Baba était un patriote qui, de tout le temps n’avait de soucis que pour son pays ». Mots très forts de Ibrahima Kane.
Et quand le sociologue émérite Abdouaye doro Sow dit : « il y’a des nouvelles qui plongent tout sujet dans une forte et profonde introspection » tout est dit, même si des « mots manquent » à Yedaly Fall le journaliste pour « exprimer sa peine ».
Celui qui nous quitte à 67 ans, (prématurément malheureusement), KANE HAMIDOU BABA était diplômé de l’Université Paris ll panthéon et titulaire d’un Doctorat d’État en sciences de la communication.
C’est cette valeur ajoutée de la science de la communication qui avait fait de l’homme, un citoyen qui n’a jamais (par humilité), cherché à sortir de l’ordinaire et qui était jusqu’à sa disparition égal à lui-même. Un homme né pour se confondre au plus anonyme, au plus simple et au citoyen le plus bas de l’échelle sociale.
30 ans de lutte politique pour un homme qui a toujours cherché par ses messages et par sa communication « personnalisée » et maitrisée à faire comprendre « aux irréductibles » de tous bords que la Mauritanie est une et indivisible. Plurielle. Que cette Mauritanie, poussée par d’autres à l’extrémisme et à la violence appartient à tous, à parts égales, à droits égaux et que la lutte continuera mais sans violence.
C’est ce qui fait que depuis les premières heures de ce lundi 28 décembre, la Mauritanie a perdu un homme d’une grande valeur morale, spirituelle et politique.
Le président Ghazouani qui fondait un grand espoir sur son rapprochement avec cet homme, l’homme politique Mohamed Ould Bouamatou avare des éloges, Balass devenu politiquement orphelin, Ahmed Hamza qui a écrit ses condoléances par des larmes sur sa page facebook, Diop Moustapha (Capitaine de vaisseau et ancien ministre) qui s’est exprimé en écrivant : « tous les témoignages énoncés confortent sur la dimension véritable de l’homme », les mauritaniens des plaines, ceux de la Vallée, et tous ceux qui luttent pour une Mauritanie réconciliée avec elle-même, (débarrassée de ses complexes racistes et xénophobes), les habitants de la petite localité de Tékane, les habitants du Trarza, la classe politique, la classe intellectuelle, tous, de divers horizons reconnaissent qu’un pan de la concorde nationale s’est effondré.
Tous ces responsables et intellectuels admettent que le pays a perdu une valeur sûre et crédible qui jouait un rôle déterminant et équilibré dans le rapprochement des cultures, des communautés, dans la synchronisation des points de vues politiques par sa sagesse et son intelligence taillées sur l’honnêteté morale et intellectuelle d’un homme d’exception.
Je suis en deuil. La « Case » est en deuil. La classe intellectuelle est elle aussi en deuil. Mais également l’Art, la Culture et le spectacle sont en deuil. Mais je reste convaincu qu’au terme de ce deuil, la Mauritanie sortira encore plus renforcée dans la volonté et la détermination que nous a léguée Kane Hamidou Baba pour barrer le chemin à tous ceux qui cherchent à nous diviser ou à nous jeter en pâture à la violence intercommunautaire.
C’est cette leçon, la toute dernière que l’illustre disparu avait donnée en se rendant à Ouadane, ville mythique, depuis la nuit des temps berceau de la civilisation des deux cultures (arabe et africaine). Il avait tenu à donner cette leçon de sagesse avant de nous quitter, mort suite à ses blessures occasionnées par un accident de voiture survenu en profondeur dans les terres de ce pays qu’il aimait tant.
Que la terre lui soit légère.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant