Rien ne résiste devant la volonté sincère des hommes, surtout dans les pays de tolérance, où le courage de certains de reconnaitre leurs historiques abus et excès et la bonté d’autres meurtris et bléssés à toujours, de pardonner.
C’est cette piste qui fait défaut au mauritaniens depuis les années de braises pour se reconcilier, rétablir de droit de vérité, identifier les génocidaires et pourquoi pas pardonner pour s’engager de nouveau dans la voie de la fraternité, de l’égalité et du repenti.
Malheureusement, certains théoriciens du passif humanitaires sont soient caractérisés par l’impartialité de leur approche d’une cure capable de remedier à cette idiotie qui a conduit des citoyens à tuer de sang froid leurs frères et de vouloir tout enterrer, sans rendre de compte à l’histoire, soient de véritables pyromanes, qui jettent l’huile sur le feu.
C’est le cas d’Ahmedou Ould Moustapha, auquel, le Président du Cadre de Concertation des Victimes des Evènements (1986-1992) Rachid Ly lui a bien rendu dans l’opinion suivante la monnaie de sa pièce :
» Au frère Ahmedou Ould Moustapha : On n’efface pas la mémoire comme on enfouit des déchets
J’ai lu sur Cridem.org, le 10-01-2023 à 14:55, un texte que M. Ahmedou Ould Moustapha a écrit, en réaction à un autre signé de M. Mohamed Vall Ould Bellal sur le passif humanitaire. Titré « Une opération de brouillage », M. Ould Moustapha écrit que l’article de Ould Bellal le laisse « … pour le moins pantois ».
Eh bien, moi aussi, à l’entame de mon propos, je dis – huc et nunc (ici et maintenant) – que la « sortie bondissante » de Ould Moustapha me laisse les bras ballants.
Quelques « perles » (je ne dirais pas des morceaux choisis, tant le « plat » qu’il nous sert est un mélange de bouts du gras et de gigots rassis) relevées dans ce texte méritent qu’on s’y penche.
M. Ahmedou Ould Moustapha écrit : « C’est néanmoins très excitant sur le plan intellectuel que de vouloir tenir en haleine la mémoire collective, mais il n’appartient pas à un homme politique d’appuyer sur le passé douloureux d’une communauté pour aboutir inéluctablement à la stigmatisation d’une autre qui en serait collectivement responsable, surtout dans une république ou un Etat qui se veut de droit et sous l’autorité duquel les événements en question se sont déroulés ».
M. Ould Moustapha, la mémoire collective des Mauritaniens (je parle de ceux qui veulent vivre en paix et ensemble, dans l’égalité et dans la dignité) est en haleine depuis bien longtemps ; depuis que l’haleine fétide des adeptes de la haine, de la division et de l’exclusion a soufflé sur ce malheureux pays ; depuis que des « histoiriens »… euh… des historiens de pacotille ont entrepris de falsifier la vraie histoire de la Mauritanie, faisant de ceux-ci les légitimes propriétaires de ce pays comme titre foncier, et qualifiant les autres de vulgaires descendants de « tirailleurs », pour ne pas dire de « footballeurs », sénégalais.
Ces historiens qui pensent pouvoir forger des identités à coups de marteaux et qui excellent dans le remodelage des descendances illustres, remontant l’arbre généalogique de certains au-delà des mers quand bien même leur origine ne remonte guère qu’à la kidiya de là-bas ou du hangar d’à-côté.
Eh oui, « c’est… très excitant sur le plan intellectuel ». Malheureusement, c’est cette excitation des « excités » qui avaient transformé le pauvre Maaouya en « roi Ubu » ; excitation qui nous a valu plus de 500 tués, dont 28 pendus la veille du 28 Novembre 1990 à Inal, et des milliers de déportés au Sénégal et au Mali.
M. Ould Moustapha, ceux qui avaient entrepris, par goût du génocide (n’ayons pas peur des mots), de rayer de la carte une communauté, entraînant ainsi un « passé douloureux » (oh combien !!), s’étaient toujours évertués, une fois leur sale besogne accomplie, de perpétuer « une opération de brouillage » (je reprends, ici, le titre de votre texte), pour en attribuer la responsabilité collective à leur communauté, et aboutir ainsi « inéluctablement à la stigmatisation » de celle-ci.
C’est bien pour ôter ce voile de brouillage dans lequel les suppôts, les ennemis du vivre ensemble, ont mis la communauté maure, en laissant penser avoir agi et commis leurs crimes en son nom, que tous ceux qui veulent la paix dans ce pays cherchent une solution à cette terrible épine au pied qu’est le passif humanitaire.
C’est bien pour cela que ceux qui ont piétiné l’unité nationale doivent être dissociés de leur communauté qui n’a jamais donné mandat à ces assassins pour agir à leurs lieu et place, faisant d’elle – dans une dérive de généralisation voulue – le bouc émissaire de leurs sanglants méfaits. Ce sont ces individus malfaisants qui ont, comme vous l’écrivez si bien M. Ould Moustapha, installé « … une ambiance ubuesque qui prendrait notre classe dirigeante en otage… ».
Les « preneurs d’otages », mieux, les preneurs de vies, ce sont ces « gens » et des « gens » comme eux qui ont, de tout temps, voulu prendre la communauté maure en otage… Aujourd’hui que tout le monde l’a compris et que tous ceux qui veulent la paix cherchent une solution, cela donne, bien entendu, des urticaires, des crampes et des cors aux pieds aux « ennemis de la nation », comme on le clamait au temps de la Direction Nationale. M. Ould Moustapha, le passif humanitaire n’est pas le passif des maures ; il est le fruit des agissements macabres d’une poignée de personnes.
M. Ahmedou Ould Moustapha continue : « Encore que ces événements furent largement discutés et avaient déjà fait l’objet de moult revendications clamées ici et ailleurs, dans toutes les instances concernées, durant plus de deux décennies, jusqu’à tourner à ce point en exigences lourdement répétitives et vraisemblablement sans issue, puisque ce passif a été effacé par amnistie »…
Non, M. Ahmedou, ne perdez pas votre temps et arrêtez de jouer à l’autruche qui pense qu’en enfonçant profondément sa tête dans le sable tout en laissant son… derrière au vent, il ne verra pas la vérité en face. Eh, oui, aucune loi, aucun décret et aucun arrêté ne sauraient, par amnistie, effacer la douloureuse page noire, écrite de préjudices et de torts faits à des fils de ce pays, par assassinat et par déportation.
La preuve : plus de 3 décennies après, le furoncle est toujours là, malgré le « Retour en catimini des réfugiés » (« Mooyto Kootaa ») sous Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, l’Accord tripartite sous (al marhoum) Sidi Mohohamed Ould Cheikh Abdellahi, « les aides sociales » et la Prière de l’absent à Kaédi de Mohamed Ould Abdel Aziz. Et c’est bien parce que le problème persiste que le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani a, depuis le 26 Avril 2022, sur la base d’une feuille de route qui lui a été présentée par les victimes, désigné des personnes de son choix pour chercher une solution à l’épineux dossier du passif humanitaire.
M. Ould Moustapha conclut : « De toute façon, quelles que soient ses arrière-pensées, machiavéliques ou sincères, le débat que voudrait initier Ould Bellal sera rejeté d’abord avec mépris par les pouvoirs publics et ensuite sans égard par l’opinion publique dont les préoccupations de l’heure sont autrement plus urgentes dans un contexte de sourd mécontentement général ».
Cher Ahmedou, parlez pour vous, car vous n’êtes ni les pouvoirs publics (pour rejeter quoique ce soit avec mépris), ni l’opinion publique (aux préoccupations urgentes). Ce pays a besoin de paix et de mémoire. Ce pays a besoin que ses plaies soient pansées. Ce pays a besoin de retrouver son chemin, pour sortir des culs-de-sacs dans lesquels l’avaient précipité les hordes de saffaghas, de waggaafa, de lahlah et d’assassins.
En toute chose, Allah (SWT) est Le Plus Puissant et Le Plus Savant.
Rachid LY
Président du Cadre de Concertation des Victimes des Evènements (1986-1992)