Le gouvernement vient de lancer une vaste campagne de déguerpissement des espaces publics à Nouakchott illégalement occupés dans le cadre de cette mauvaise tradition propre aux mauritaniens toutes catégories confondues, qu’est le phénomène avilissant de la gazra, dont l’ampleur s’est même élargie à la mentalité des citoyens pour couvrir les files d’attentes devant les hôpitaux et à l’occasion de distribution d’aides alimentaires.
Une campagne dont la capitale Nouakchott avait depuis bonne lurrette cruellement besoin pour aspirer à devenir un jour une métropole digne de ce nom, propre et assurant un confort à ses résidents, notamment ses hôtes pour lesquels, l’anarchie prévalente dans l’habitat a dépassé toutes les limites et écorné profondément l’image de ce pays, paradoxalement engagé pour devenir un pôle touristique régional compétitif dans le moyen et long terme.
C’est donc pour libérer des centaines de places publiques illégalement occupées, tantôt par des commerçants véreux, tantôt par des familles sans scrupules dont les maisons leur sont contiguës, et au pire des cas par des squatters érigeant des habitants précaires, le plus généralement issus de milieux déshérités et opérant dans le secteur informel, que le gouvernement a lancé le jeudi 5 aout courant à Nouakchott une opération de dégagement des routes et d’évacuation des espaces publics.
Une campagne qui avait régulièrement échouée, en raison des bras longs dont jouissent certains hommes d’affaires et particuliers auprès de personnalités influentes du pouvoir.
Toujours est-il que l’opération en question vise à permettre aux équipes du ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire d’étudier le plan de lotissement de la capitale, afin de s’assurer de la présence ou non de lieux réservés aux bâtiments administratifs, aux écoles, aux hôpitaux, aux places publiques et autres infrastructures publiques.
C’est au niveau de Nouakchott Ouest que le coup d’envoi de l’opération a été donné en premier, notamment pour les moughataas du Ksar et de Tevragh Zeina.
Une priorité qui se comprend au vu de l’état des lieux de l’expropriation du domaine public, dès lors le Ksar est, en dépit des efforts louables menés par l’actuel maire pour en faire le quartier le plus propre de Nouakchott, est le dépotoir depuis des années de la ferraille automobile importée de l’étranger, mais c’est aussi le quartier où pullulent les garages, les stations vidanges, les boutiques de vente de pièces détachées.
Concernant Tevragh Zeina, les nantis qui ne savent pas quoi faire de leurs millions aussi illégalement accumulés, étaient tentés de soudoyer les responsables de l’urbanisme pour élargir leur domaine à l’espace public, dont la présente opération vise à mettre fin à l’expropriation illégale.
Disons enfin que la campagne de « libération » du domaine public sera de longue haleine, dés lors, où le phénomène de la gazra et son corollaire à savoir l’occupation illégale des places publiques est érigé en système depuis des années par les premiers responsables politiques et économiques du pays.