Faut-il commencer d’abord par rappeler la définition de l’expression « pousser à la faute” prêtée ici, dans les dictionnaires français afin d’écarter toute confusion des fans de la langue de Molière, toujours disposés à prendre à partie tout celui qui veut la malmener et ceux qui ne comprennent que le jargon. Poussé à la faute : stresser quelqu’un au point de lui faire commettre des erreurs.
Candidat par effraction, l’ex général de division à la retraite Mohamed Ould Meguett, l’un des derniers ex officiers en vie impliqués dans les graves exactions des années 80 et 90 contre les négromauritaniens, vient publiquement, par voie de communiqué, de démentir catégoriquement tout lien avec le génocide survenu à cette époque et qui continue d’être mis au jour le jour par les victimes et les défenseurs des droits de l’homme tant que la vérité, toute la vérité n’a pas été révélée et officiellement reconnue par l’Etat.
Ould Meguet candidat tête de liste du parti au pouvoir aux législatives de 2023 et assuré d’être le futur président du parlement postélectoral, s’il est élu, a sans doute pris conscience que le vote sanction en gestation est massif et que garder ce silence qui date des années de braise, risque de faire voler en éclats son rêve de se pérenniser au haut de la pyramide Etat et donc s’attendre à une défaite humiliante qui le marquera le restant de son vivant.
C’est d’autant vrai que l’ex officier est soutenu par le parti au pouvoir « Insaf », lui aussi en difficulté en raison de la sangsue qui le caractérise et l’élan grandissant des frondeurs contre ce parti, en dépit d’un certain soutien manifesté par ces mécontents de tout horizon notamment l’UDP de Naha Mint Mouknass à l’endroit du Président.
Stresser par les manifestations régulières menées par les négromauritaniens ces dernières semaines et certains partis politiques de l’opposition et le vote sanction qui l’attend au détour, l’ex Général a été poussé alors à la faute.
Mais il s’agit de faute non pas pour la vérité avec un grand « V » mais pour l’Etat et les différents régimes qui ont continué depuis près d’un demi-siècle à nier les évènements communautaires douloureux des années de braise qui ont couté sauvagement la vie à des dizaines d’officiers, soldats et civils en plus de la déportation des milliers de citoyens hors de leur patrie.
Pour les victimes cette faute n’en constitue pas cependant une, mais plutôt un aveu de culpabilité de l’Etat d’une importance inestimable venu d’un haut officiel retraité qui vient de cracher la vérité dans sa volonté de se défendre pour pouvoir être porté au perchoir de l’Assemblée nationale.
Dans son communiqué publié par plusieurs sites mauritaniens, Ould Meguett nie toute implication à ces évènements, qu’il reconnait implicitement. Ce qui est en soit une première pour une personnalité qui devra présider le parlement et qui devra, si cela adviendra assumer ses propos et agir en conséquence pour que ce passif humanitaire qui plombe la vie politique et sociale du pays soit apuré.
En sera-t-il alors ou ce sera uniquement le temps de calmer l’effervescence politique en cours afin de passer l’épreuve des législatives et de se murer une fois l’objectif atteint de président le parlement dans le mutisme d’antan ?
Wait and see