Au terme de quelques semaines de réflexion et de discussions, le Mouvement Citoyen pour une Cohabitation Effective (MOCICE), préoccupé d’une part, par les problèmes politiques majeurs dont souffre le pays, et d’autre part, par le manque récurrent de crédibilité des institutions en charge des élections, a décidé de ne pas participer à la prochaine élection présidentielle prévue le 29 juin 2024.
Dès sa création, le MOCICE, a mis au cœur de son combat la question de la cohabitation qui a été rudement éprouvée par des politiques étatiques qui ont fragilisé la cohésion nationale. Après notre accession à la souveraineté internationale, les gouvernements successifs ont conçu et étendu ces politiques à tous les secteurs, allant du secteur éducatif, le culturel, le social au secteur économique. Le pays prit depuis lors une trajectoire exclusivement arabe impactant sévèrement les composantes noires désormais réduites à un statut de citoyens de seconde zone.
Aujourd’hui, plus que jamais, les injustices institutionnelles, politiques, économiques, éducatives, sociales, culturelles sont enfouies et se sont généralisées. Elles sont la cause du schisme entre, une composante arabe favorisée et des composantes noires discriminées ; Ces injustices sont érigées en UNE LOI non écrite, qui organise la matrice de fonctionnement de l’état que le gouvernement actuel perpétue grandeur nature.
Et c’est face à une telle situation absurde et inacceptable, que le MOCICE s’est donné comme mission, de mener un combat intransigeant pour l’avènement d’UNE COHABITATION EFFECTIVE qui exige primo, une éradication de toutes les politiques discriminatoires, et secundo, l’érection d’un Etat qui garantirait la justice, l’Egalite et la démocratie pour tous les Mauritaniens. Et le cas échéant, les Mauritaniens cohabiteront et pourront librement choisir ceux et celles qui doivent gérer leur destin. Cependant, un tel but suggère un combat acharné, continue qui porte l’intérêt général au-dessus des velléités personnelles ou de groupes.
Au MOCICE, nous avons tenu à le réaffirmer dans un contexte d’élections présidentielles. En effet, nous restons convaincus, sur le plan principiel, que participer à des élections présidentielles est compréhensible sur le plan politique. Mais nous pensons que participer à une élection, sans garanties minimales préalables, n’est pas méritoire. De surcroit, c’est donner un blanc-seing au gouvernement d’organiser des élections truquées et, ce faisant, d’ériger la fraude et la confiscation des voix comme REGLES, empêchant de facto, tout changement dans un contexte politique des plus inquiétants.
Notre compréhension d’une élection, qui plus est, une élection présidentielle, est d’une part, un moment où les Mauritaniens exercent leur choix souverain, et d’autre part, une tribune d’expression, un espace de compétition légitime, un temps pour conscientiser et informer sur les enjeux réels et pertinents (Nationaux et internationaux) qui permettent aux électeurs de faire des choix avisés, toutes choses, qui font qu’une élection présidentielle est un évènement majeur.
Dès lors, il devient crucial de faire le distinguo entre cette compréhension exigeante et les aspects sensationnel, opportuniste et spectaculaire auquel nous ont habitué la classe politique.
Le MOCICE est convaincu, que toute élection porteuse donc transformatrice, passe par la possibilité de garantir au citoyen un droit de vote avec la sécurité et la liberté requises. A partir de là, notre position est qu’une élection normale doit être encadrée par la définition de règles minimales de transparence de l’amont à l’aval du processus électoral. Ensuite, la création d’un cadre institutionnel, politique et juridique CREDIBLE garantissant UNE ELECTION LIBRE ET RANSPARENTE. Enfin une implication effective des acteurs en compétition.
A cet effet, le MOCICE constate, avec regret et consternation, que de telles conditions ne sont pas réunies et que toutes les règles du jeu sont scandaleusement aux antipodes de la transparence. S’y greffe, l’attitude regrettable de l’opposition mauritanienne qui a décidé, comme à son habitude, de s’engouffrer pieds et mains liés dans une élection sans conditions minimales préalables. Le MOCICE aurait souhaité que l’opposition s’organise en un front national pour exiger des conditions minimales de transparence. Aujourd’hui, plus que jamais, nous donnons au gouvernement l’autorisation de mettre en branle sa machine de fraude qui nous imposera des élections pipées et des résultats fabriqués.
Cette machine de fraude et de trucage puise toute sa puissance dans :
1. L’existence d’une CENI inféodée au pouvoir exécutif qui est incapable de remplir sa mission d’organe INDEPENDANT de gestion, de planification, de contrôle et de comptage des voix ;
2. La mainmise du gouvernement dans le recrutement et la nomination des membres de la CENI ;
3. L’existence d’un Conseil Constitutionnel subordonné ;
4. La décision d’arrêter unilatéralement l’enrôlement biométrique privant des Mauritaniens de l’état civil ;
5. Le découpage électoral injuste et profondément discriminatoire volontairement conçu pour empêcher les Mauritaniens d’exercer leur droit de vote. A titre d’exemple, les Mauritaniens vivant au Mali, au Sénégal et/ou en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) sont privés de leur de vote ; L’état impose un découpage dont l’objectif visé est de priver des Mauritaniens de leur droit ou de privilégier un parti ou un candidat et dans le cas d’espèce le parti au pouvoir et son candidat ;
6. L’absence d’un audit du fichier électoral.
7. La partialité de l’administration militaire et civile ;
8. L’achat à ciel ouvert des consciences et utilisation des moyens de l’état dans les campagnes ;
9. Les intimidations et menaces permanentes par les cadres et agents de l’état ;
10. L’existence d’un système de parrainage humiliant, injuste et biaisé ;
C’est ce synopsis non exhaustif qui fonde le système de trucage électoral. A l’évidence, cette situation fragilise le pays et l’opposition aurait dû s’attaquer à ce processus plutôt que de participer, sans conditions préalables. A cet égard, notre mouvement a décidé de prendre ses RESPONSABILITES en mettant l’intérêt, des Mauritaniennes et des Mauritaniens, au-dessus des calculs politiciens, de la course aux intérêts privés et égoïstes qui agitent la majorité écrasante de la classe politique aussi bien de l’opposition que du pouvoir.
Au demeurant, le MOCICE, plus que jamais ancré dans l’opposition, appelle ses militants et sympathisants de rester vigilants et de ne pas céder aux discours des chercheurs d’emplois et/ou des valets du système tant que durera le système de trucage électoral en vigueur.
Fait à Nouakchott le mardi 17 mai 2024
DEPARTEMENT COMMUNICATION DU MOCICE