Le mois dernier le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani avait effectué une visite surprise au Centre National Hospitalier (CHN).
Cette visite, allait permettre au Président de la République, en se rendant aux urgences, dans les salles d’hospitalisation et dans les salles d’opérations, de s’enquérir de la qualité des services fournis par cette structure médicale de référence.
En se rendant au Centre Hospitalier National, il est évident que, Ould Ghazouani savait parfaitement bien qu’il ne partait pas visiter un hôpital qui brille par ses capacités à faire face à la plus grande pression des demandes de soins en référés.
Le Centre hospitalier national de Nouakchott, dont la plus grande partie de l’édifice date de l’époque de Moctar Ould Daddah, n’est pas l’hôpital Val de Grace, (l’hôpital d’Instruction des Armées), ni l’Hôpital la Pitié Salpêtrière, ni l’hôpital Georges-Pompidou de Paris. Ce n’est pas non plus le Massachusetts General Hospital de Boston, ou le Johns Hopkins Hospital de Baltimore.
Ce n’est pas non plus le Centre hospitalier universitaire vaudois (de Suisse), classé en 2023par le magazine Newsweek, l’un des meilleurs hôpitaux universitaires dans le monde. Et enfin, Ould Ghazouani le sait bien, le Centre National Hospitalier de Nouakchott, n’est pas non plus le l’hôpital Cerrahi d’Istanbul, un hôpital multidisciplinaire, qui dispose d’une unité de soins intensifs de génération du future et de six salles d’opération équipées de toutes dernières technologies de pointe qui travaillent en alternance continue.
Le Centre Hospitalier National de Nouakchott, est l’hôpital d’un des pays les plus pauvres du continent. Il est donc évident que le président Ghazouani, le savait en venant visiter la structure. Une visite qu’il a prolongée à l’hôpital neurologique et au Centre national de Cardiologie.
Diagnostic du mal par une consultation des responsables.
Au cours de sa visite au Centre hospitalier de Nouakchott, Ould El Ghazouani s’est entretenu avec le personnel médical et administratif pour connaitre les problèmes posés, pour cueillir les avis des personnes ressources responsables et pour apporter les solutions nécessaires pour surmonter les difficultés.
En attirant l’attention sur certains aspects liés au manque de certains soins, à l’absence du personnel médical sur leurs lieux de travail et au manque d’hygiène dans certaines installations, -il est bien sous-entendu-, que le Président de la République a fait lui-même et personnellement quelques constats flagrants.
Mais, le président savait très bien que le personnel (médical ou paramédical) des trois structures visitées (CHN, HN et CNC) interrogé, ne pouvait dire, devant la ministre de la Santé que ce qui pouvait être dit ; Ne pouvait dire que ce qui devait être dit en présence du chef de l’Etat, qui semble depuis quelques temps, quand même curieux de savoir lui-même, par lui-même pourquoi ce qui ne marche pas ou pas bien, ne marche pas ou pas ?
Ce que Ghazouani ne savait pas.
Dans toute structure (médicale entre autres), il y’a toujours deux aspects qui doivent être pratiquement liés l’un à l’autre de manière coordonnée pour que tout marche comme il se doit.
L’un des aspects est technique. C’est celui de la disponibilité des moyens techniques, logistiques et des personnes ressources de compétence. L’autre aspect, est celui du fonctionnement et de la bonne gestion administrative de la structure médicale elle même.
Il est évident que, personne n’ose dire devant le président, (en présence du ministre de tutelle) que la plupart des équipements techniques mis à disposition de certaines des structures médicales visitées, sont quelques fois des équipements de technologies dépassées, des appareils peu fiables et d’origines douteuses, le plus souvent fournis par des intermédiaires véreux et novices dans le domaine médical. Ce que tout le monde sait. Ceci d’une part.
D’autre part, il y’a ce problème de compétences des ressources humaines. On ne le dit jamais aux présidents qui viennent visiter spontanément les structures médicales de références. Les médecins mauritaniens pour la plupart, engagés après les célébrités, -Ould Mogueya, Bah Ould Né, Isselmou Ould Kh’live, Dia El Houssein, Ba le cardiologue et d’autres -, ne connaissent même pas Hippocrate et n’en ont jamais entendus parler. Et, ce qu’était Hippocrate est leur dernier souci. Ce sont en général des jeunes sortis d’universités de bas de gamme, et qui sont, malheureusement et c’est regrettable, très peu expérimentés.
Maintenant, il y’a des responsables des structures médicales qui eux, ont la lourde responsabilité de la gestion administrative et financière des structures à la tête desquelles ils ont été appelés à cette fonction.
Une sanction qui ne s’explique pas.
Le conseil des ministres qui a suivi la visite du président de la République, avait pris la décision de relever de ses fonctions le Directeur Général du Centre Hospitalier National.
Dans un article publié sur Cridem, (journal de référence en ligne qui rapporte Alakhbar), on pouvait lire : « Le directeur général du Centre Hospitalier National (CHN), Hamahoullah Cheikh, a été limogé, ce jeudi 14 septembre, par le Conseil des Ministres ». Le limogeage était intervenu deux jours après la visite du président Ghazouani au CHN.
La décision prise par le conseil des ministres a surpris plus d’un. La relève de ses fonctions de ce jeune médecin (sortant de Bulgarie), était inexplicable pour le personnel auxiliaire et le personnel d’encadrement du CHN, Selon des nombreux témoignages, concordants, l’ancien directeur du CHN était connu pour ses compétences, ses capacités intellectuelles et son sens très poussé de l’organisation et de la gestion rigoureuse des moyens de l’Etat.
Certains rapportent même que c’est lui qui avait redonné vie à l’Hôpital Zaid, qui, avant sa nomination à la tête de cette structure médicale de référence était victime d’un infarctus de très mauvaise gestion.
C’est également lui, (Hamahoullah) parait-il qui avait remis sur les rails, le bon fonctionnement du CHN après sa nomination à la tête de cette structure.
Alors pourquoi lui et pas celui de l‘Hôpital Neurologique par exemple, tant entendu que la structure du CNC est unanimement et pour tous une référence aussi bien sur le plan gestion que le plan prestations de services ?
Règlement de compte ? Libération de la place d’un médecin pour un autre médecin ? En tous cas, pour beaucoup d’observateurs du milieu médical et sanitaire, tout semble faire croire que le conseil des ministres a été induit en erreur par la Ministre de la Santé.
Induit en erreur par la Ministre de la Santé, pour cacher les insuffisances structurelles d’un édifice hospitalier public, léguées de ses prédécesseurs. Et donc, la Ministre pour faire semblant d’accompagner les remarques faites par le président de la république, a opté pour par une décision de sanction qui sacrifiait un responsable.
Malheureusement pour elle, il parait pour beaucoup, que la sanction tombée est injuste et sans motif valable. Alors, revient la question de savoir pourquoi Hamahoullah Ould Cheikh a été relevé de ses fonctions, fonctions grâce auxquelles, ce jeune médecin consciencieux avait remis sur les rails un hôpital délaissé par les pouvoirs publics?
Peut-être que la réalité est tout autre. Naha Mint Mouknass, (une réserviste qui mobilise à elle seule et pour toutes élections présidentielles qui se suivent depuis trente ans, une masse importante d’électeurs surtout de la vallée) est peut-être tout simplement complétement délavée de ses capacités intellectuelles et professionnelles.
Recyclée tour-à-tour par tous les régimes qui se sont succédés depuis Maaouiya, cette femme qui maintient en vie la généalogie de feu son père (le père de la diplomatie mauritanienne) fait de la casse partout où elle passe.
Ce que je sais moi personnellement, (et qui ne m’engage que moi), c’est que, l’ancien directeur du Centre Hospitalier National, Hamahoullah Ould Cheikh, en tant que médecin et pour ses qualité de bon gestionnaire, (ce qui se dit de lui), est beaucoup plus d’intérêt pour le pays que Naha Mint Mouknass, même clonée sept fois.
C’est un peu fort, comme je le dis. Peut-être même « gingembré ». Mais, en tout cas pour moi, c’est une réalité. Une réalité parce qu’un directeur qui se sacrifie pour donner le mieux de lui-même pour apporter un plus au progrès de son pays, vaut bien mieux qu’un ministre qui pense, comme Naha que toute visite inopinée d’un président doit être sanctionnée par un limogeage pour donner à cette visite une valeur ajoutée.
C’est une méthode très ancienne, archaïque et révolue. Ce ne doit pas être parce que le président est passé par là que des têtes bonnes doivent tomber.
Le conseil des ministres doit être plus regardant sur certaines propositions de nominations et de limogeages qui lui sont soumises. Parfois, certaines de ses propositions induisent tout le gouvernement en erreurs parfois irratrapables.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant