Réputée par son profil de chantre par excellence du système mauritanien sous le magistère de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz et de présenter de manière tronquée et embellie devant les instances onusiennes et internationales les violations et atteintes des droits de l’homme, en premier lieu les pratiques esclavagistes qui font monnaie courante dans le pays, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) s’est considérablement démarquée de son attitude controversée et partisane d’antan.
En effet, elle a réussi sous la direction de son actuel président Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, de rompre progressivement avec cette image d’institution créée à des fins d’instrumentalisation politique par les différents pouvoirs pour se dédouaner d’atteintes primitives et passibles de sanctions internationales, en premier des partenaires au développement, toujours prêts à fermer les vannes aux Etats esclavagistes.
Présentant récemment sa version sur le cas esclavagiste de Aïn Varba dans le Hodh Gharbi, la CNDH a certes tourné la page au statu quo en évitant d’infirmer dans son RAPPORT, les affirmations faites récemment par l’IRA et certaines organisations de défense des droits de l’homme sur cette affaire qui défraie la chronique et suscite un vaste élan de mobilisation sur les fronts intérieur et extérieur du pays.
D’emblée, la CNDH rappelle les entretiens que sa mission a eu avec les autorités locales, le procureur près le tribunal de Aioun, mais aussi les échanges individuels tenus avec les toutes parties impliquées, notamment, « la femme qui allègue être en situation d’esclavage, ses deux enfants et son mari ».
« Aux termes de nos investigations, nous estimons qu’il y a des fortes présomptions de cas d’esclavages conformément aux termes de la loi de 2015 et encourageons les autorités judiciaires à continuer les investigations afin de vérifier des éléments qui puissent confirmer ou infirmer le cas », affirme la Commission dans son communiqué publié à la suite des enquêtes menées par l’une de ses équipes dépêchées à Aïn Varba pour s’informer de près sur ledit cas esclavagistes.
Et d’ajouter :
« Nous notons avec satisfaction, la diligence avec laquelle les autorités judiciaires ont réagi pour répondre promptement au cas ;
Certes, la CNDH a fait mieux que par le passé et peut faire mieux, surtout en accordant aux défenseurs des droits de l’homme qui peuvent être mis à contribution pour affiner son plan d’action les mêmes égards et la même confiance que celles témoignés aux autorités administratives et politiques, réputées par leur mutisme et leur manque de collaboration en cas d’espèce, quand il s’agit de combattre un mal vil et méprisable dont l’existence voire la persistance dans un pays de libertés et d’égalité et l’enracinement dans le tissu social et économique est inacceptable et doit faire la priorité des priorités de l’action publique, dés lors où tout développement est fonction de l’égalité et de la justice.
Ceci dit, même en reconnaissant implicitement d’éventuelles pratiques esclavagistes en Mauritanie dans son rapport relatif au cas de Aïn Varba, la CNDH pourrait se féliciter d’avoir bénéficié de l’apologie démesurée des médias officiels et de la plupart des sites mauritaniens.
En effet, ces derniers se sont empressés de taire « ses présomptions », selon ses propres aveux faits dans son rapport, mettant plutôt en avant ses vifs remerciements adressés autorités officielles dans leur lutte contre l’esclavage.
Pourtant et paradoxalement, les mêmes compliments devraient être exprimés à l’endroit des défenseurs des droits de l’homme et particulièrement de l’IRA qui sont à l’origine de la découverte de ce cas honteux dont des centaines d’exemples sont vécus au quotidien, sans être dénoncés par les autorités, la société et les victimes.