La démocratie est un vain mot, sans la neutralité de l’administration, à fortiori quand cette dernière s’immisce explicitement et au plus niveau dans la compétition électorale.
Après une première mobilisation des membres du gouvernement, le parti Insaf au pouvoir toujours hanté par la peur de perdre et de subir une cuisante défaite, a discrètement requis la descente du Premier ministre Mohamed Ould Bilal sur le terrain.
Ce dernier est descendu dans les villes du pays Boghé, Kaédi et Aleg, où le parti au pouvoir est en difficulté, dont la vallée du fleuve où l’UDP de Naha Mint Hamdi Ould Mouknass lui donne du fil à retordre, sachant également qu’au niveau de cette importante bande du pays, l’investiture d’un ex officier impliqué dans les exactions sauvages des années de braise suscite un véritable élan de contestation et par conséquent une volonté des populations de la vallée toute entière de recourir à un vote sanction.
Et comme le chantage fait successivement par le ministre de l’intérieur Mohamed Ould Mohamed Ahmed, le président du parti Insaf Mohamed Melainine Ould Eyih et enfin par le Premier ministre ne fait pas peur aux frondeurs et aux mécontents qui se sont constitués en adversaires sérieux à Insaf, c’est le président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui semble se plaire à se joindre à ce sursaut pour sauver Insaf d’une débâcle quasi-certaine.
En effet, le Président commence à recevoir au palais présidentiel des hommes d’affaires, des cadres et des notables réputés par leur poids politiques, afin d’obtenir leur soutien pour son parti.
Il a reçu à ce propos deux dinosaures du microcosme politique de la wilaya de Dakhlet Nouadhibou où le candidat d’Insaf Ahmed Ould Khattry peine à mettre en péril son véritable challenger El Ghassem Ould Bellali ; cet élu auquel les stéphanois sont tellement attachés comme l’avaient été les sud-africains à feu Nelson Mandela, même dans son bagne.
Autre interrogation qui mérite d’être posée, ce sont ces navettes et déplacements incessants faits par le Premier ministre et les membres du gouvernement dans le cadre de la campagne électorale qui bat son plein, s’ils sont facturés sur le dos du contribuable, ce qui est anormal, où sur les bourses de toute cette haute administration nomade, qui tout en brandissant la neutralité et le franc jeu s’immisce exagérément dans la compétition électorale, sans compter aussi la moyenne et basse administration publique en aval et les thuriféraires et acheteurs des voix, tous reputtés par leur vocation d’être à la solde du pouvoir.
Avec ces imperfections démocratiques, l’élection de mai 2023 dans laquelle tout le monde s’engage aujourd’hui a de fortes chances d’être une supercherie à laquelle les opposants et la majorité frondeuse sont allés désarmés et sans exiger des concessions sérieuses et concrètes du pouvoir et de ces caciques.
Avec des élections locales imparfaites, les consultations présidentielles de 2024 qui doivent être préparées dés à présent s’annoncent également une farce dès lors où claquée sur ces législatives, régionales et municipales conjugués au couperet qui attend les frondeurs au détour, c’est une bataille gagnée d’avance.
Pauvre Mauritanie toujours prise dans le cycle de la mascarade électorale qui date des années 90 jusqu’à ce jour, sans jamais prendre conscience à temps du piège tendue pour ces élites politiques.