Les remous qui ont accompagné le dossier de Koylal, en 2021, ont montré l’âpreté d’une lutte opposant, d’une part, un État décidé à appliquer sa politique d’expropriation des terres de la vallée et, d’autre part, des populations locales, desservies par le parti pris de leur propre État, se battant pour préserver l’ultime marque de leur appartenance au pays.
Retors lorsqu’il est acculé, l’Etat a reculé pour mieux sauter et c’est ainsi qu’il a désigné Monsieur Isselmou Ould Abdelkader, ci-devant administrateur en retraite qui exerça dans le Sud, pour négocier avec les populations du Hebiya en vue de faciliter le drainage des eaux vitales au projet de Mbeydiya, localité dans le dieri.
En guise de rappel, on se souviendra des années de braise, pilotées par Ould Taya et ses sbires, au cours desquelles une frange de mauritaniens se crurent tout permis assassinant, expulsant et expropriant les terres des pauvres populations noires victimes d’ostracises et de brimades sur le sol de leurs ancêtres. Par fait du prince, les pilotes du système raciste s’accaparerent de plusieurs arpents de terre appartenant aux populations de Feralla et d’autres villages avoisinants. Sur la plaine de Koylal, fut établi un projet dénommé sarcastiquement et comme par provocation Ibn Khaldoun, nom d’un sinistre personnage dont les seuls hauts faits furent d’avoir insulté la race noire.
Décidées à résister, les populations du département de Mbagne organisèrent un sit-ing le 22 février 2021 pour attirer l’attention de l’opinion internationale sur la duplicité de la Banque Mondiale oublieuse des principes ayant présidé à sa fondation.
La mobilisation fut telle que la Banque Mondiale, furent contraints de lâcher du lest et d’écouter les populations et de suspendre son financement.
L’ Ipar fut sollicité pour renouer les fils d’un dialogue rompu. Un accord entre les propriétaires authentiques de Koylal et la coopérative Ibn Khaldoun fut paraphé. Dans les termes de celui-ci, il fut décidé de redéployer la coopérative d’Ibn Khaldoum vers une autre zone, dans le dieri bordant la plaine du Hebiya.
Depuis, l’État et plusieurs de ses démembrements s’activent pour la mise sur orbite dudit projet alors que les vastes plaines ceinturant le site sont ignorées par un État incapable de dissimuler son parti pris.
Visiblement, le système, qui inocule son venin au régime raciste, n’a pas renoncé à sa funeste ambition de mettre la main sur les terres de la vallée. Il procède par phases successives allant des contradictions qu’il suscite entre haratines et populations noires ayant toujours vécu en bonne intelligence par l’appât de la terre, ensuite en armant une partie qui en découdrait facilement avec l’autre et enfin en ramassant, pour son propre compte, les subsides de l’affrontement entre les groupes belligérants.
Isselmou, le fameux médiateur, a tenu, depuis lors plus d’une réunion avec les populations du Hebiya représentées principalement par les villages de Bagodine et de Fondou. La dernière rencontre fut houleuse et les populations, par leurs représentants, refusèrent le projet de faire passer des canalisations à travers leurs champs.
Comme s’il était en pays conquis, Isselmou usa de menaces tout en rappelant cyniquement aux délégués du Hebiya les années sombres durant lesquelles l’Etat tua, expulsa, emprisonna sans qu’âme ne bronche. En somme, il rappela que l’Etat possédait la prérogative d’user encore de la force.
Monsieur Isselmou, vieil adepte des recettes brutales depuis son passage comme gouverneur dans le Sud, semble dépassé par l’histoire. De Ndiago à Diogountoro, les populations de la vallée ne cessent de crier : » Plus jamais on ne nous assenera le coup de Jarnac d’Ould Taya ! »
De Ndiago à Wali, on est conscient que les temps ont changé, que les résistances sont célébrées partout comme un droit irrépressible. Et puis, les populations noires de la vallée avertissent le système, du feu qu’il allumerait en leur arrachant leurs terres, dernière marque de leur citoyenneté.
Chérif Ba