Li nge doon soo ko bañee aah dey fekk deng saa ñaaw! Youssou Ndour
(Si tu refuses ton identité c’est que tu n’as pas une bonne image de…toi!)
Serais-je la réincarnation de mon ancêtre Amar Hammee Juulɗo KAN qui avait établi en 1519 une frontière inviolable entre le Nord et le Sud? En tous cas, le peu qui me reste à vivre sera consacré à mettre mon peuple en sécurité, sur une terre qui nourrit tous ses habitants, qui respire la paix, la sécurité et l’équité. L’indépendance du Sud n’est pas un luxe, c’est notre dernier reflexe de survie.
Amar avait réussi à vaincre les hordes de pilleurs et razzieurs qui venaient du Nord semer le chaos et la désolation. Il les poursuivait dans le Sahara avec ses innombrables chameaux, plus adaptés que les chevaux de nos guerriers. Avant cela les cavaliers mourraient de chaleur et de soif, se perdaient, les sabots des chevaux s’enfonçaient trop dans ces sables presque mouvants qui gênaient leur progression. Amar, un métis peul-maure, avait résolu le problème en acquérant des milliers de chameaux tout en s’appuyant sur des unités qui connaissaient bien le Sahara.
D’ailleurs les peuls ont gardé deux expressions qui immortalisent mon aïeul:
Eeɓol Amar:
le tracé de Amar. Frontière tendue et bien surveillée, les femmes enceintes n’osaient la franchir de peur d’avorter disait la légende qui rappelle les entrechocs de sabre à cette ligne de démarcation.
Min njii ku fooli Amar e gelooɗi mum:
« voilà qui est bien plus fort que Amar et ses chameaux! » l’invincibilité de Amar a traversé tous les âges.
Amar était métis comme le sont quasiment tous les tékrouriens. Mais je n’irais pas défendre la généalogie de beaucoup de noirs bifurquée vers le prophète pour on ne sait quels avantages. Les berbères avaient recouru aux mêmes rafistolages et on remarque aujourd’hui que le sang du prophète ne protège pas de l’aliénation.
J’ai des parents arabes, wolofs, bambaras, soninkés. ..et on va tous continuer à vivre ensemble sans chercher à s’éclipser les uns les autres.
Aux noirs qui insistent pour mettre plus en avant leurs liens avec les arabes que les relations de sang évidents avec les autres peuples noirs, on sera bien obligés de leur rappeler que tous les êtres humains descendent du noir. Dès lors, comment un enfant peut accoucher de son père ? Ce complexe d’infériorité vis-à-vis des arabes porté par certains mélaninés doit cesser. Les arabes d’Arabie sont l’un des peuples qui surveillent le mieux sa généalogie et ils ne perdent pas une miette sur tous ces montages invraisemblables faits par des étrangers pour revendiquer leur sang. Les plus puristes d’entre eux ne considèrent même pas les maghrébins comme des arabes, à plus forte raison ceux de la savane.
D’ailleurs, en quoi les mérites auprès de Dieu dépendraient de notre naissance ou de notre sang ?
Il y a environ 2 ans, j’ai lu l’article d’un « cherif » noir, kane de surcroit, qui remettait en cause la chérifité d’une bonne palanquée d’arabo-berbères. N’est-ce pas scier la branche sur laquelle il est lui-même assis?
Vers 743, les kane ont donné leur nom à une quarantaine d’arabes venus s’installer à Kummbi Salah. C’était une sorte de protection dans cette cité soninké animiste. Ces arabes sont devenus peuls, pas l’inverse. Donc, s’il y a un cherif noir sur cette planète, c’est forcément un sherif yankee avec une belle étoile.
À beau mentir venant de loin. Certains truands à peau claire s’autoproclament cherifs pour dépouiller des pauvres de leurs maigres économies, voire abuser de jeunes filles. Ce comportement de voyou est suffisant pour interdire ce titre injustifié et contraire à la noble idée d’égalité des races.
Li nge doon soo ko bañee aah dey fekk deng saa ñaaw! chantait Youssou Ndour
(Si tu refuses ton identité c’est que tu n’as pas une bonne image de…toi!)
22 octobre 2023
Siree KAN
Fondateur de MAÏS
Mouvement des Autochtones pour l’Indépendance du Sud (TEKRUUR)