C’est dimanche 28 novembre prochain courant que la République Islamique de Mauritanie, célébrera en grandes pompes, du moins pour une partie d’elle, les exécutions extrajudiciaires, les pendus d’Inal et le passif humanitaire exigent, le 61e anniversaire de la fête de l’indépendance nationale.
Un évènement fêté différemment en Mauritanie, pour certains dans la joie et l’euphorie, pour d’autres dans le recueillement, le deuil et la douleur.
Une célébration sur laquelle tous les regards sont rivés sur le discours officiel très attendu de l’homme de Nouakchott, le Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
Un Chef d’Etat, qui a montré à l’opinion publique, l’homme n’étant guère parfait, combien il est conscient des nombreux défauts et imperfections qui ont caractérisés la vie de la Nation au cours de ces dernières décennies.
Des titubations et des errements infinis et répétés dont il est temps de se démarquer totalement, en tenant un discours novateur, différent dans la forme et dans fond aux allocutions solennelles tenues par ses prédécesseurs.
Ces derniers, exception faite bien sûr de feus Moktar Ould Daddah et de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avaient malheureusement et intentionnellement occulter les pages noires contemporaines de l’évolution du pays, refusant de cicatriser les plaies dont certaines se sont refermées sur le pus, perdurant la souffrance et la douleur effroyable jusqu’à nos jours.
Ould Ghazouani attendu au détour, à ce 61e anniversaire de la fête de l’indépendance nationale, sur bien des révélations dans ce discours adressé à la Nation devenu une tradition, aura-t-il le courage et la force de se hisser au blackout politique ?
Créera-t-il a surprise en annonçant des mesures contribuant à l’apaisement véritable et à la réconciliation de la Mauritanie avec elle-même, refus l’oubli et l’indifférence, manifestant sa fermeté à déclarer le repenti officiel de l’Etat, demandant le pardon et promettant de corriger de manière concertée, transparente et irréversible tous les gros maux commis au nom de l’Etat au cours de ces dernières décennies, notamment s’alignant à ce cran qui a positivement caractérisé la gestion de certains de ses pairs dont les Etats avaient vécu des tragédies similaires demeurées vivantes et dont les auteurs sont restés impunis voire paradoxalementdistingués .
Le suspens est donc à son paroxysme, sachant que le dialogue en gestation sur lequel le président Ould Ghazouani a rassuré les sceptiques et les plus réservés des protagonistes politiques sur les encourageants tenants et aboutissants, a besoin d’un réel stimulateur de la part de l’homme de Nouakchott, pour mûrir et donner ses fruits.
C’est d’autant plus vrai, qu’en étant témoin aujourd’hui du vote controversé du Parlement d’une loi décriée sur les présumés symboles nationaux, sur fond d’immunité offerte sur un plateau d’or au Président Ould Ghazaouni et au Premier ministres d’une part et des incidents malheureux de Ngawlé qui ont fait sortir l’opposition de son mutisme légendaire et de la retenue, l’opinion reste partagé entre l’optimisme fondé sur le président et le pessimisme suscité par son système, à quelques différences près, celui de la décennie de corruption sans l’ancien président Aziz.
Autant donc de défis pour Ould Ghazouani qui nécessitent des explications et des réponses officielles urgentes, afin que l’opinion publique puisse réellement se positionner par rapport à un système politique mi-ciguë-mi-raisin, tout en tolérant certains trébuchements en raison des contre-courants alimentés par les réfractaires.
Ne pas trancher, opérer un virage politique réel même relatif par rapport au statu quo, signifiera à ne pas en douter pour l’opinion, que la Mauritanie sous Ghazouani tourne toujours en rond, au même régime, demeurant otage de lobbys tribaux et régionaux qui mettent au-devant leurs intérêts propres et n’accordent aucune importance à l’intérêt général et ne sont pas disposées à consentir ces concessions indispensables pour lancer résolument le pays sur les bons rails.
Pourtant, entre le statu quo et le renouveau, il n y a qu’un pas que le Président Ould Ghazaouni est bien capable, partant d’une évaluation globale du bilan de son mi-mandat, de franchir.
Prions pour qu’il ait ce courage vital pour la Mauritanie de demain et pour que ce discours novateur, inédit et salvateur tant souhaité résonne haut et fort ce 28 novembre 2021, dans toute la vallée, les plateaux, les plaines et les rives du pays, faisant renaître l’espoir pour les mauritaniens toutes catégories confondues de croire en des lendemains meilleurs sur fond d’unité, de cohésion, d’égalité et de bien être économique et social
Nous disons enfin pour clore cet Editorial spécial de Senalioune « à bon entendeur salut! »