Le 28 novembre 2024, la Mauritanie célébrait le 64ème anniversaire de son indépendance. Cependant, cette date demeure à jamais marquée par un événement tragique : la pendaison de 28 militaires noirs non arabes, survenue à Inal en 1990, à la veille du 30ème anniversaire du pays. Cet acte, symbole d’une campagne systématique de nettoyage ethnique ciblant les communautés noires non arabes dans l’administration publique et les forces armées, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire récente de notre pays.
Depuis lors, le 28 novembre est pour ces communautés une journée de deuil et de mémoire. Partout en Mauritanie, des veuves, des orphelins, des parents des victimes et de simples citoyens épris de justice se rassemblent pour demander que vérité et justice soient rendues. Ces appels légitimes se heurtent pourtant, année après année, à la répression brutale des autorités.
Cette année encore, dans la ville de Bababé, les manifestations pacifiques en mémoire des victimes ont été réprimées par une campagne de terreur menée par la gendarmerie nationale, caractérisée par des violences, des intimidations et des arrestations arbitraires.
Des témoignages crédibles nous rapportent des scènes d’intimidation généralisée, rappelant tristement les événements de juin 2024 à Kaédi, où quatre jeunes Mauritaniens avaient été tués dans les locaux de la gendarmerie lors de l’élection présidentielle.
Face à cette situation alarmante, Mauritanian Network for Human Rights in US:
– Demande la libération immédiate et sans conditions de toutes les personnes détenues arbitrairement.
– Exige la levée immédiate du siège imposé aux localités concernées et à la fin des intimidations à l’encontre des populations.
– Appelle à l’évacuation des blessés vers des structures médicales adéquates pour des soins appropriés.
– Réclamer l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale pour identifier et tenir responsables les auteurs des violences commises.
– Demande l’abrogation de la loi d’amnistie 93-23 du 14 juin 1993, qui constitue un obstacle majeur à la justice pour les crimes commis entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, y compris les pendaisons des 28 militaires à Inal.
Ces exactions ne font que raviver les blessures du passé et perpétuer un cycle d’impunité qui empêche toute réconciliation nationale durable. Nous appelons la communauté internationale à ne pas détourner le regard face à ces violations flagrantes des droits humains et à soutenir les efforts des citoyens mauritaniens pour obtenir justice et réparation.
Ensemble, nous nous engageons à œuvrer pour un avenir où les droits fondamentaux de tous les Mauritaniens seront respectés.
Pour la justice et la dignité,
Mauritanian Network for Human Rights in the US
Le 30 novembre 2024