Le Sénégal commémore ce dimanche 1ᵉʳ décembre le 80ᵉ anniversaire de l’un des pires crimes coloniaux de son histoire. Le 1ᵉʳ décembre 1944, l’armée française ouvrait le feu sur ses propres soldats, des tirailleurs africains qui demandaient le paiement de leur solde.
Le Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est présent dans la capitale sénégalaise Dakar, aux côtés de se homologues de Gambie, Adama Barrow, et de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló pour partager avec le pays frère voisin ses douleurs et meurtrissures.
Quatre-vingt ans plus tard, alors que de nombreuses zones d’ombre persistent encore sur le déroulement des faits et le nombre de victimes, les autorités, arrivées au pouvoir en avril dernier, veulent inscrire cet évènement dans la mémoire collective.
Partout dans la capitale, depuis une dizaine de jours, on peut voir une affiche qui annonce les commémorations de ce dimanche 1er décembre, avec en ombre chinoises les silhouettes des tirailleurs africains. Signe de l’engagement très fort des autorités sénégalaises pour réhabiliter cet évènement traumatique dans la mémoire collective.
« La décision de commémorer est un acte politique », expliquait il y a quelques jours l’historien Mamadou Diouf, qui préside le comité d’organisation des commémorations et qui va ouvrir les discours ce dimanche matin. « C’est un acte de souveraineté qui exprime le besoin de se réapproprier son histoire », alors que la France est accusée par le Sénégal d’avoir passé 80 ans à tenter de fabriquer l’oubli sur ce crime.
En ce sens, la reconnaissance par Emmanuel Macron qu’un « massacre » a eu lieu le 1er décembre 1944 à Thiaroye est un pas important, mais insuffisant pour les autorités sénégalaises, qui réclament la vérité sur le nombre de morts et le déroulement des faits.
Dakar a donc créé un comité d’historiens et d’archivistes sénégalais, chargés de réexaminer l’ensemble des archives à disposition sur ce drame. Il aura pour mission de tenter de faire la lumière sur le nombre de morts – 35 officiellement, entre 300 et 400 selon plusieurs historiens – et le déroulement des faits. Cette commission rendra son rapport en mars 2025.
La commémoration de ce dimanche est importante, mais elle aura lieu sans le président Emmanuel Macron. C’est le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui le représentera.
La cérémonie se déroulera également sans les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel, qui devraient être représentés par leur Premier ministre, alors que de nombreux tirailleurs tués le 1er décembre 1944 était Maliens, Nigériens et Burkinabè.
RFI