L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz passera la période de confinement liée aux mesures préventives relatives à la pandémie à la Direction générale de la sureté avant d’être déféré en prison, ont révélé des sources généralement bien informées à Nouakchott.
Les autorités judiciaires avaient décidé l’année dernière de créer des centres de détention spéciaux afin que les personnes déférées en prison y passent une période afin de s’assurer qu’elles ne sont pas contaminées, dans le cadre d’une démarche préliminaire avant leur déféremment à la prison civile.
Le pôle anticorruption chargé des crimes économiques et financiers a décidé mardi soir, 22 juin courant, de déférer sans délai l’ex Chef de l’Etat, convoqué quelques heures auparavant, comme l’opinion s y attendait.
En effet, l’ancien président a sans doute provoqué en personne cette escalade entre lui et l’appareil judiciaire, en refusant de se conformer aux consignes de son assignation à résidence couplée à sa mise sous contrôle judiciaire strict avec comme obligation de pointer trois fois par semaine à la direction de la sureté pour signer et attester sa présence physique.
Mais son refus objecté dimanche dernier de signer, en raison de ce qu’il a appelé son rejet catégorique d’être témoin impuissant de citoyens brutalisés et humiliés qui l’accompagnaient dans ses trois va-et-vient hebdomadaires, par les forces de l’ordre, était un véritable défi lancé à l’Etat, qui n’a cessé d’être maltraité, sans réagir, à tous les niveaux ces dernières semaines par l’ex homme fort de Nouakchott.
Ce dernier, usant jusque-là avec une certaine souplesse pour un dossier très complexe où le politique s’imbrique à la tribu, à la famille et à la communauté, dans un pays, tiraillé de toutes part, fragile et assagi à la fois par la pandémie, la récession économique et la dette, a fini par trancher en prenant le parti de la loi et capitalisant la provocation azizienne.
Pouvait-il en être autrement, alors que l’ancien président Ould Abdel Aziz n’avait pas seulement à découdre avec la justice mais, sans faiblir avait l’audace de se mesurer, sans avoir honte de ses chefs d’inculpation, au pouvoir en place dirigé par Ould Ghazouani, l’accusant de corruption et d’échec.
Jusqu’à l’instant le collectif de défense de l’ancien président joue au spectateur et l’absence de sortie publique depuis quelques jours conjuguée aux sauts d’humeur de son client et sa passion brusque pour le militantisme politique, laisse penser que le courant ne passe plus entre les deux.
C’est tout à fait possible, si l’on sait qu’après une période de mutisme et des sorties rares par main interposée de son collectif de défense, l’ex Chef de l’Etat est devenu tout d’un coup très bavard, provocateur, offensif et au comble, sans égard à loi.