Deux leaders du parti d’opposition l’Union des Forces du Progrès (UFP), viennent de publier un long communiqué, dans lequel, ils mettent en garde contre l’instabilité du positionnement politique du parti islamiste Tawassoul.
Marega Baba Assa et Lo Gourmo Abdoul, c’est bien d’eux qu’il s’agit, ne tarissent pas d’exemple pour illustrer leurs accusations de Tawassoul, qui vient tout dernièrement et à la surprise générale, de s’impliquer dans une réunion ouverte à l’aile politique de l’ex Chef de l’Etat et principal cerveau de la décennie de corruption, en l’occurrence Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ce même ex président qui n’était pas seulement la bête noire de l’opposition 15 ans durant (2005-2019), mais dont le long rapport d’accusation de blanchiment d’argent et de corruption entre autres chefs d’inculpation a été paraphé par des parlementaires de Tawassoul mobilisés au sein de l’ex Commission d’Enquête Parlementaire (CEP).
Tawassoul a dupé à la dernière minute l’opposition en participant à des précédentes élections législatives, régionales et municipales, qu’il s’était engagé pourtant de boycotter aux côtés de ses pairs de l’opposition traditionnelles, accusent les deux UFPéistes.
Tawassoul a faussé la route à l’opposition au moment où celle-ci manœuvrait pour trouver un candidat consensuel unique capable de battre Ould Abdel Aziz et son candidat soutenu par le sérail Ould El Ghazouani, indexent-ils.
Tawassoul a rejoint contre toute attente le groupe des 24 partis en concertation avec le ministère de l’intérieur, alors qu’il s’était solidarisé dès le début des opposants dans leur élan de contestation de l’annulation du dialogue avec le pouvoir.
Le parti islamiste tate aujourd’hui, en discrétion et à contre-courant de son lietmotiv politique réformiste, le terrain politique marécageux avec l’ancien président Ould Abdel Aziz, font insinuer également Maréga Baba et Lo Gourmo Abdoul.
Ce sont ces volte-face répétées de Tawassoul qui ont créé l’opportunité à l’ex Chef de l’Etat Aziz pour s’infiltrer dans les rangs de l’opposition, indiquent les deux leaders de l’UFP dans leur communiqué dont ci-après la teneur :
« L’ex-président, après sa manœuvre parisienne peu glorieuse, a-t-il réussi aussi à en effectuer une Nouakchottoise ?
Le jeudi 01/12/2022 un certain nombre de partis politiques se sont retrouvés au siège de Tawassoul à Nouakchott, à l’invitation de ce dernier.
Le but affiché de la réunion était de se concerter en vue de l’unité de » l’opposition » pour les prochaines élections. À cette rencontre, entre autres partis présents, il y avait le parti de Mohamed O Abdel Aziz représenté par son président Louleid, en plus d’autres partis qui avaient appartenu à son ex- majorité présidentielle.
Beaucoup d’observateurs de la scène politique ont vu cette rencontre comme une nouvelle manœuvre de l’ex-président, après celle de Paris qui a scellé son alliance officielle avec les FLAM.
Il n’est pas exclu, il est même fort probable que cette nouvelle rencontre à Nouakchott soit la suite logique de celle de Paris, dans l’esprit de la « remontada » pour le pouvoir à laquelle procède depuis son départ, l’ancien Chef de l’État.
Dans l’immédiat toutes ces manœuvres visent clairement également à brouiller les pistes en politisant les accusations de crimes économiques d’une gravité exceptionnelle qui pèsent sur lui. Certains de ses nouveaux alliés avaient d’ailleurs participé à son incrimination par la CEP.
M. Ould Abdel Aziz est un grand stratège en manipulation, un technicien hors- pair de l’ instrumentalisation, comme il le montre depuis qu’il s’est sorti de sa détention provisoire. Il avait su utiliser ces deux armes favorites, à outrance, contre une partie de ses opposants au cours de sa décennie calamiteuse.
A son retour de France il y a quelques jours, il a trouvé devant lui, une classe politique divisée au niveau de son opposition et dont certains membres cherchaient coûte que coûte à relancer une machine d’opposition qu’ils avaient eux même paralysée voir disloquée, pour des raisons purement électoralistes. Situation archi classique d’impasse à la veille des élections imposée par les mêmes acteurs d’une même scène de théâtre.
En somme, une unité d’actions proclamée comme toutes les autres qui l’ont précédé et qui ne ne pourra très probablement pas résister à l’épreuve « d’une veille d’élection », du fait même de la nature de ceux qui la composent et au vu également des expériences du passé. En effet, On se rappelle du boycott de l’opposition en 2013, qui a vu à la veille, le parti islamiste Tawassoul finalement se désolidariser des autres partis de l’opposition pour participer aux élections alors qu’il était l’un des plus fervents initiateurs de ce boycott.
On se rappelle des élections présidentielles de 2019, les accords de la coalition de l’opposition pour un candidat unique de l’opposition? Malheureusement à la veille des élections cet accord a volé en éclats, Tawassoul choisissant de soutenir la candidature l’ex-premier ministre de O Taya, o Boubakar et les autres en grande partie rejoignant la majorité présidentielle de o Abdel Aziz, abandonnant leurs alliés UFP- RFD-UNAD, en rase campagne.
On se rappelle de la pulvérisation, en juin dernier, du dialogue national inclusif à la veille de ses assises, à cause des tergiversations ridicules de certains partis dits de l’opposition? Et, surtout, de la déclaration pour le moins floue que le même parti avait publié la veille même de l’ouverture des assises en dissuadant le pouvoir de les tenir, arguant du boycott de certains de ses actuels alliés estimant qu’il n’était pas assez « inclusif » alors que la concertation réunissait la quasi-totalité des acteurs nationaux … donnant ainsi l’occasion inespérée au pouvoir (au sein duquel il y avait plus de contre que de partisans de ce dialogue!) de suspendre, plus exactement, d’annuler purement et simplement ce dialogue national tant attendu par les mauritaniens qui espéraient y trouver une amorce de compromis national sur les grandes questions qui se posent au pays.
On se rappelle également, qu’après l’interruption unilatérale de ce dialogue, l’AJD/MR -le RFD- l’UNAD-l’ UFP- et Tawassoul s’étaient retrouvés pour protester contre cette annulation, et pour décider d’une action commune. Cette déclaration était une dénonciation et en même temps une affirmation de leur refus de participer à la première invitation des partis politiques par le ministre de l’intérieur, pour discuter des futures élections. La déclaration fut publiée, signée de tous, et à la veille de la rencontre avec le ministre de l’intérieur, Tawassoul a fait savoir qu’il participera à cette rencontre.
Tout cela avait incité l’UFP à demander une clarification de la situation avant d’envisager toute autre initiative, dans le cadre de l’opposition démocratique. C’était également le point de vue des autres principaux partis de cette opposition. Malheureusement, Tawassoul a passé outre et Ould Abdel Aziz s’est saisi de cette occasion comme une opportunité pour s’infiltrer au sein de cette opposition qu’il avait combattu 12 ans durant et qu’il avait clairement désigné à Paris comme l’unique responsable de ses déboires. On verra ce que la suite sera….
Le 08/12/2022