Les dures sanctions imposées par la CEDEAO au Mali ont suscité une vive condamnation, non seulement dans cet Etat pris entre les feux nourris des coups d’Etats réguliers et des massacres abominables commis par les terroristes, mais également dans certains Etats voisins du Mali dont l’Algérie et la Mauritanie.
Nouakchott se trouve particulièrement dans une mauvaise posture face à cette escalade, puisque la Mauritanie qui se bataille depuis des années pour intégrer entièrement la CEDEAO, s’était montrée moins hostile aux putschistes de la transition militaire malienne dirigés par le Colonel Assimi Goita.
Mais voilà que les choses se gâtent pour indisposer cette sympathie « inconfortable » témoignée par la Mauritanie au Mali et qui se trouve d’ailleurs plus amère, avec le soutien explicité apporté par la France aux sanctions de la CEDEAO, sur fond de vindicte de Paris contre le flirt russe en vogue au Mali et la bonne audience dont il bénéficie dans cet Etat et dont la France n’a pas eu le privilège en dépit d’années de déploiement pour sécuriser ce vaste Etat parsemé de groupes djihadistes.
Dans la foulée de cette impasse politique et régionale dans laquelle le Mali risque de perdurer face à un isolement dans l’espace ouest-africain, le parti mauritanien d’opposition l’Union des Forces du Progrès (UFP), tenace au retour de Bamako à la normalité constitutionnelle, s’est relativement insurgé contre les sanctions de la CEDEAO, qui selon lui, auront des conséquences néfastes extrêmes dans la vie quotidienne du peuple malien et dans la stabilité de la sous région dans son ensemble;
L’UFP a lancé également un appel au gouvernement mauritanien afin de maintenir les liens solides d’amitié chaleureuse et de solidarité avec le peuple malien frère.
Le parti a appelé aussi le pouvoir de Nouakchott à ne s’associer à aucune mesure de sanctions, directes ou indirectes, de quelque nature qu’elles soient, contre le Mali, pays frère et ami.
Ci-après le communiqué de l’UFP :
Le 09 janvier 2022, reuni à Accra, le 4 ème Sommet extraordinaire de la CEDEAO a adopté des mesures de sanctions inédites contre l’un de ses Etats membres, le Mali.
Ces sanctions qui vont du gel des avoirs financiers de ce pays à la fermeture de toutes ses frontières terrestres et aériennes sont supposées destinées à obliger le Gouvernement malien dirigé par une junte militaire, à adopter un calendrier pour l’organisation rapide d’élections libres et démocratiques.
Si cet objectif est pleinement justifié et conforme aux intérêts du peuple malien et des autres peuples, les mesures de sanctions adoptées, extrement sévères, sont manifestement disproportionnées et risquent d’aggraver la situation au Mali et dans la sous région au lieu d’aider le Mali à sortir de la crise multidimensionnelle profonde dans laquelle il est plongé.
Tout en réaffirmant son opposition de principe aux coups d’Etat et en s’associant au principe de voir les militaires regagner rapidement leurs casernes en respectant un canlendrier adequat pour des élections inclusives, libres, transparentes et démocratiques, l’UFP :
– déplore la sévérité des sanctions adoptées, leur absence de discernement par rapport à leurs conséquences néfastes extrêmes dans la vie quotidienne du peuple malien et dans la stabilité de la sous région dans son ensemble;
– Demande le respect de la souveraineté pleine et entière du Mali;
– exhorte à la négociation serieuse entre les parties prenantes africaines sur la situation au Mali pour un retour effectif et rapide à la normalisation politique et à la solidarité effective dans la lutte contre l’extrémisme violent et dans le respect de la démocratie pluraliste;
– Demande au gouvernement mauritanien de maintenir les liens solides d’amitié chaleureuse et de solidarité avec le peuple malien frère et de ne s’associer à aucune mesure de sanctions, directes ou indirectes, de quelque nature qu’elles soient, contre le Mali, pays frère et ami.
Vive la solidarité africaine dans le respect de la dignité, de l’unité et de la souveraineté de tous nos Etats.
Nouakchott le 11 janvier 2022
La Permanence du Parti