Le chantier de l’Ecole Républicaine qui tient cher au pouvoir mauritanien en place, manifeste d’importantes failles, qui rendent sa réussite utopique. Avec un mandat présidentiel qui se rétrécit comme une peau de chagrin, le régime qui n’est pas parvenu en 4 ans, à mettre le système éducatif sur les bons rails, joue dangereusement sur les violons de l’improvisation.
En effet, au moment où des villages reculés du pays déplorent la démission totale de l’Etat de construire des infrastructures scolaires d’une longue espérance de vie et de supporter sur les modestes bourses la réalisation d’écoles de fortune, emportées à chaque hivernage par les orages, le ministre de l’éducation multiplie le recrutement des ressources humaines.
Déjà dans son discours prononcé lundi dernier devant le Président Ghazouani, à l’occasion de la rentrée scolaire 2023-2024, Mr « Education » Ould Dahi faisait implicitement un mea-culpa du système éducatif, en évoquant une volonté de l’Etat à améliorer les indicateurs de l’Education.
Suffisant pour comprendre qu’au niveau des partenaires, il y a des remontrances non déclarées et des réserves pour des financements consentis à l’éducation mais non correctement et efficacement allouées aux fins pour lesquelles elles sont accordées.
Avec un recrutement massif, officiellement estimé à 17 222 en 2023 au lieu de 9 607 en 2019, soit un taux de 79% pour les 4 années passées du mandat du Président Ghazouani, on constate clairement, que le qualitatif a été sacrifié pour le compte du quantitatif.
En termes d’infrastructures scolaires, les officiels évoquent l’achèvement ou le début de construction de 4 646 salles de classe dont le secteur a déjà réceptionné 3 020.
Toutefois 1626 sont encore en construction, alors la nouvelle année scolaire s’est ouverte lundi dernier et que ces réceptions d’établissements scolaires ne pourraient être qu’un leurre ou de la démagogie populiste.
« Il reste urgent de poursuivre la construction et la réhabilitation de nombreuses écoles, en particulier dans les villages et les zones rurales », avoue Ould Dahi.
Raison invoquée : l’état des édifices scolaires nécessite un programme spécial d’urgence de construction et de restauration », dixit le ministre de l’éducation, dont les propos officiellement tenus devant le Président de la République cachent beaucoup de non dits.
La voie de la réforme de l’éducation, la généralisation et l’amélioration du service éducatif, ainsi que l’exclusivité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques, sont encore des objectifs inaccessibles en raison de certains défis, avait affirmé Ould Dahi.
Parmi ces défis, le ministre a cité la mobilisation des fonds nécessaires dans le but d’augmenter de manière significative les salaires et indemnités des enseignants, dont ceux qui portent la craie et les encadreurs.
La profession d’enseignant ne sera pas attractive pour des personnes compétentes et dévouées sans des salaires rémunérateurs et incitatifs, et l’enseignement ne sera pas de qualité si le professeur n’est pas mis dans des conditions meilleures, indique le ministre.
Ceci dit, l’école mauritanienne serait-elle à refonder de nouveau ? Telle est la question, qu’il faut poser pour un enseignement déjà boiteux, en portant dans ses manuels et ses ressources humaines les vecteurs de l’exclusion et de la marginalisation d’une composante du pays.