Outre la crise sanitaire, le changement climatique et l’envolée des prix de l’énergie, une crise plus profonde menace la conjoncture planétaire, à savoir la pénurie alimentaire. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de blé, fait peser le risque d’une pénurie alimentaire mondiale imminente.
En effet, une grande partie du blé, du maïs et de l’orge produits dans le monde se trouve en Russie et en Ukraine. Les livraisons des denrées alimentaires sont échaudées depuis le début de la guerre initiée par la Russie. Quels sont donc les pays importateurs de blé menacés par la famine ?
Le blé ukrainien et russe nourrissent principalement les pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Les données de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) montrent que vingt-cinq pays africains importent plus d’un tiers de leur blé de ces deux pays alors qu’une quinzaine d’entre eux en importent plus de la moitié. La Russie fournit le continent africain à hauteur de 32% contre 12% pour l’Ukraine.
La Tunisie, la Libye et la Mauritanie seront frappées de plein fouet par le conflit puisqu’elles dépendent en grande partie du blé ukrainien, représentant entre 30% et 50% de leurs importations. Le Liban, pays dans lequel des pénuries de toutes sortes s’enchaînent depuis près de trois ans, se retrouve dans une situation encore plus tendue puisque 60% de ses importations de blé proviennent d’Ukraine.
Le Bénin achète la totalité de son blé de la Russie alors que la Somalie se fournit à hauteur de 70% en Ukraine et à 30 en Russie. En d’autres termes, ces deux pays africains sont totalement dépendants des livraisons ukrainiennes et russes. L’Égypte, le plus grand importateur de blé, est mise à mal étant donné que le pays le plus peuplé du monde arabe s’approvisionne en blé à hauteur de 80% auprès des deux pays.
La guerre déclenchée par la Russie ne fera qu’empirer l’insécurité alimentaire dans les pays les plus pauvres, comme le Yémen. En effet, un tiers des importations yéménites de blé provient de Russie et d’Ukraine. Dévasté depuis près de sept ans de guerre ignorée par l’Occident, le Yémen suffoque davantage en raison de la hausse des prix des matières premières agricoles.
Mariem Ben Yahia
Ilboursa.com