« En Mauritanie, la plupart des noirs autochtones luttent contre l’arabisation forcée tout en acceptant pieusement de prier en arabe. Ne savent-ils pas que c’est l’islam qui est instrumentalisé pour faire d’eux des arabes bien soumis ? Le peuple kabyle par exemple a compris depuis plusieurs décennies cette supercherie »
Ciré KANE
Il est humiliant de voir des khoutbas en arabe, non traduites aux africains, et on est en Afrique ! !! On ne me la fait qu’une fois. Je refuse de mettre front par terre dans une maison de Dieu où on ne reconnaît pas mon existence, surtout en Mauritanie où les mosquées pilulent, il est aisé de trouver un imâm qui prêche en langue autochtone.
Ce complexe de l’arabité a de beaux jours devant lui. Depuis que je prie exclusivement en pulaar je vis plus intensément ma foi. À un moment j’écrivais sur les bienfaits de prier dans sa langue mais ça ne sert à rien je crois. Il faut vraiment le pratiquer progressivement, le vivre intérieurement, sans chercher à convaincre ni grande publicité, pour saisir tous les effets bénéfiques d’une parole comprise, d’un verbe au plus profond du coeur. Pour être honnête, quand j’ai commencé cette quete, je ne savais pas quel en serait le résultat. C’était un vrai voyage vers Dieu, l’exploration d’autres connexions. Et les voies furent, au début, impénétrables. Il y a même eu des retours arrières. Maintenant, je sais quelques chemins de plus pour m’explorer dynamiquement. La route est longue et je reste à l’affût d’autres pistes, en étant toujours guidé par le bien.
Si on rentre dans les débats dogmatiques on retombera à coup sûr dans la rigidité du tout arabe. Que ceux qui ont pris la décision de prier dans leurs langues sachent qu’ils pourront peut-être un jour communier dans un espace commun avec d’autres pionniers. Félicitations aux imams africains qui ont ouvert la brèche. La péninsule arabique sait que si le continent noir s’approprie pleinement sa relation à Dieu ça diminuera considérablement son influence religieuse.
L’église a bien été obligée de renoncer à ses messes en latin pour ne pas disparaître. Oui, les peuples sont têtus, et ils sont la création de dieu, ainsi que leurs langues, leurs us et coutumes,…
Voilà 5 ans que je laisse certains talibans africains venir polluer mes arguments sur la prière en wolof, bambara, soninké, sérère, pulaar, zulu…
Il leur est particulièrement insupportable d’admettre que ce serait la lutte la plus efficace contre l’obscurantisme par une meilleure compréhension dans nos langues de l’islam.
Leur technique est dévoilée depuis fort longtemps: polluer les opinions contraires à leur diktat dicté depuis la péninsule arabique. Voilà pourquoi il y a toute une pelle bloquée chez moi. Ceux que je connais ont été aussi bloqués par le bac, malgré plusieurs tentatives. C’est connu, l’échec de l’école donne à certains les ailes de serviteurs zélés de Dieu. La religion rapporte beaucoup d’argent et il suffit d’être bon orateur, la théologie et la formation attendront.
Il y a des radicalisés en électrons libres dans les forums et réseaux sociaux, ceux-là ne doivent pas être abandonnés aux mains de ceux qui reçoivent salaires pour les inciter un jour à la pire des violences.
Je continue à écrire sur cette question des langues maternelles comme meilleur véhicule de la foi, mais je l’enrichirais de témoignages sur l’épanouissement spirituel et la réalisation personnelle.
En Mauritanie, la plupart des noirs autochtones luttent contre l’arabisation forcée tout en acceptant pieusement de prier en arabe. Ne savent-ils pas que c’est l’islam qui est instrumentalisé pour faire d’eux des arabes bien soumis ? Le peuple kabyle par exemple a compris depuis plusieurs décennies cette supercherie.
Prier dans sa langue en Mauritanie ou en Algérie est un acte de résistance face aux génocides ayant dépassé le stade de l’intention. Bien entendu, il n’y a pas que nos langues à défendre, mais si elles disparaissent par quelque moyen que ce soit (école, religion,..), tous les autres objectifs de nos eradiqueurs seront atteints.