Des sociétés fictives ont partagé en 2021, les marchés de l’Agence Nationale de la Muraille Verte (ANGMV), a révélé l’ONG Transparence Inclusive de Mauritanie (OTI) , dirigée par l’ancien sénateur Mohamed Ould Ghadda, soulignant la spéculation excessive sur les prix qui ont été doublés pour certains marchés.
L’ONG a critiqué également la façon avec laquelle l’Inspection Générale de l’État (IGE) a traité le dossier de l’Agence, l’accusant de ne prêter aucune attention aux surfacturations, de se rétracter sur les sanctions matérielles, de laxisme dans les punitions administratives et d’observer une approche de deux poids deux mesures dans ledit dossier.
L’ANGMV a lamentablement échoué à mener à bien ses programmes annuels et a contracté en 2021 une dette de 2 milliards ouguiyas, indique l’ONG, selon laquelle, un groupe de personnes influentes s’est emparé de 90 % du budget d’investissement annuel de l’agence, qui s’élevait à 470 millions d’euros environ, par le biais de contrats fictifs, dont seulement quelques-uns ont été mis en œuvre et de manière non satisfaisante et non conforme au cahier des charges.
Transparence inclusive de Mauritanie a accusé par ailleurs l’ancien directeur de l’ANGMV, Mohamed El Hussein Mohamed Lagraa, d’avoir conclu de nombreux contrats non couverts par son budget pour son compte personnel, en connivence avec un groupe de commerçants inexpérimentés dans le domaine de réalisation des travaux.
L’ONG a indexé lesdits commerçants de personnes sans scrupule, portant dans leurs cartables des numéros d’identification fiscale de sociétés, pour la plupart fictives, dont 80% ont un lien commun et dont le plus éminent d’entre eux est l’homme politique et maire de la commune de Boumdeid Abdallahi Ould Medellah.
Le pillage du budget de l’ANGMV pour l’année 2021 s’est appuyé sur le fait de toujours gonfler les factures et de ne pas les mettre en œuvre, suivant le procédé dit administratif des micros marchés ou des marchés exonérés (non soumis à la surveillance de la Commission Nationale de contrôle des Marchés Publics
Les marchés sont conclus par accord préalable entre trois ou deux commerçants, qui se partagent ceux programmés dans la zone spécifiée après avoir circonscrit l’appel d’offres sur ces commerçants, en s’accordant sur les montants : l’un augmente un peu plus que l’autre dans le premier marché tandis l’autre fait la même chose dans le second.
L’ONG dit avoir mené une enquête de terrain sur les travaux et documenté la précarité des projets de fixation des dunes du sable, facturés aux prix les plus élevés et interrogé certains des travailleurs chargés de leur mise en œuvre.
L’ANGMV a évoqué aussi l’implication de l’ancien secrétaire général du ministère de l’Environnement, Mohamed Ould Ahmedoua, à travers la Fondation SALAMA, qui figurait parmi les institutions impliquées dans les malversations à travers les dépenses fictives.
L’ONG a qualifié également souligné la reconduction du directeur du patrimoine de l’Etat, Cheikh Ould Habibrahmane, après avoir été démis de ses fonctions en 2022 en raison de son implication dans un dossier de corruption révélé par l’Inspection générale de l’Etat au cours de la même période, de violation de la loi, laquelle interdit sa nomination pour une période de 5 ans.
L’ONG a appelé à activer la loi anti-corruption, qui sanctionne aussi bien les dépenses fictives que les factures gonflées, conformément aux articles 9 et 21 ».