Alassane veut dire « le bon » en arabe et, dans le cadre d’une wolofisation des patronymes pour contrer radicalement l’arabisation du cerveau de nos enfants, il serait devenu un DABAKH.
Savez-vous que Aboubakr veut simplement dire « le père de la vierge »? C’est ainsi qu’on nommait le 1er khalife de l’islam, papa de Aïcha. Abou Hourayra? Le père des chatons. Etc…Oui, l’Afrique peut revenir aux prénoms du continent. Absolument rien n’exige de s’appeler comme un saoudien ou un yemenite. L’arabisation et la domination culturelle que nous combattons doit avoir comme objectif principal le retour à notre être authentique.
Je ne complimente pas Alassane (ou moýýo Jah) pour sa brillante conférence d’hier pour la défense de nos langues, mais pour sa ténacité. Quand la cause lui semble juste, comme celle de l’officialisation de nos langues maternelles, il fonce, même seul, sans attendre la « massification » du mouvement. C’est cela l’étoffe d’un leader, d’autant que nos aînés se battent au moins depuis 1976 pour la reconnaissance des langues autochtones, part importante de la culture et de l’identité des wolofs, peuls, soninkés, bambaras, haratines…
OLAN gagnerait à inclure l’officialisation du hassaniya, très attendue par les haratines qui souffrent particulièrement de l’imposition de l’arabe, une langue étrangère pour beaucoup, il suffit de regarder les débats à l’assemblée. Dans quelle langue parle la majorité des députés qui ont voté cette loi scélérate qui légalise l’aliénation des enfants noirs ? Le hassaniya !
Alassane, en plus d’être un redoutable activiste, est un intellectuel à la tête bien faite, bien instruit en pulaar et inaliénable.
Ce jeune, d’apparence calme et sage avec ses lunettes est sur tous les fronts. Il a, par exemple, pensé à rédiger une plainte contre Ahmed Mahfoudh, l’agent du système qui incitait au génocide des peuls. Simple non? Oui, mais il fallait y penser pour confondre la junte.
Alassane DIA était début 2012 un des leaders les plus en vue de « Touche Pas à Ma Nationalité » . C’est ainsi que je l’ai connu, l’invitant même au siège de mon parti sis à Sebkha. Ce jeune frère m’avait aussi impressionné après une manifestation devant l’ambassade du Qatar pour réclamer l’extradition du Colonel Taya en Mauritanie afin qu’il soit jugé. C’était une première ! Et ils n’étaient qu’une dizaine de manifestants. Cet homme sait sortir des sentiers battus, ne pas toujours être là où la dictature attend qu’on soit. Bravo à ce leader qui arrive à donner le tournis aux militaires en jouant avec leurs règles du jeu. Le premier hors-la-loi en trab el beidhan c’est l’Etat, toutes ses institutions seraient en prison en appliquant la loi contre l’incitation à la haine. C’est ce qu’ils font tous les jours.
J’oubliais. Alassane à la sagesse de ne pas s’enliser dans des débats idéologiques qui ont considérablement retardé la question noire en Mauritanie. Il ne me souvient aucune polémique de sa part. C’est peut-être cela l’avantage d’injecter du sang neuf chez les combattants contre l’apartheid. Omotunde dit qu’il ne faut pas trop regarder dans le rétroviseur sinon on peut faire un grave accident. Hotep!
28-8-2022
Siree Kan Tekruur
Photo: Alassane Dia, après interdiction hier par la junte de la conférence D’OLAN en présentiel