Le numérique est en train de tuer le livre palabrions-nous hier soir dans la cuisine, après un service repas en ordre dispersé comme les lettres détachées d’un bouquin mal ficelé et jetées par terre pour compromettre son édition.
Je me souviendrais longtemps de ma matinée d’aujourd’hui, très joviale. Retour dans cette cuisine pour petit-déjeuner avec ma famille. Ma fille s’apprêtait à aller à la bibliothèque, comme si elle voulait remettre sur la table le sujet de la veille. Ces lieux de savoir s’atrophient tant les tweets, sms, photos-buzz…ont fini par limer nos neurones. C’est tellement plus reposant de se brancher sur l’actualité condensée sur notre fil du jour orienté par les likes. C’est dans mes pensées encombrées par le savoir et ses supports d’acquisition que ce jour allait quitter son lit ordinaire: mon smartphone, très connecté à L’Égypte antique, annoncait la montée aux cieux de l’incarnation du pharaon Niousséré, né Jean-Philippe. Je ne ressent pas de tristesse puisque mon cher professeur des humanités africaines classiques me lègue une bibliothèque virtuelle bien fournie en livres, lives, conférences, émissions télé…
Tout ce kit du savoir dématérialisé, non orienté par l’actualité, disséquant la complexité pour la restituer en fragments limpides aux liens évidents.
J’ai connu Niousséré Kalala Omotunde vers 2007 sur le petit écran de Télésud grâce à Sylvie Deboisfleury, une journaliste de la chaîne venue faire des reportages en Mauritanie.
Niousséré, à l’époque Jean-Philippe, présentait une émission passionnante sur les mathématiques égyptiennes. Mais c’est réellement en 2014 qu’il est devenu, par sa pédagogie audiovisuelle et ses preuves scientifiques, mon professeur sur Kemet et Kouch. Il est, avec Doumbi Fakoly, les initiés à la spiritualité africaines qui m’ont le plus outillé pour me reconnecter avec mes ancêtres, requestionner l’évidence,…
Je peux l’affirmer aujourd’hui sans aucune hésitation : sans Omotunde, je n’aurais jamais brisé les chaînes de l’aliénation consciente et inconsciente. Nous sommes plusieurs africains à le suivre et son université a formé à distance des cavaliers aguerris pour redonner à l’Afrique son rang d’antan et la faire respecter en demeurant dignes du legg de Kemet et Kouch.
Selon nos ancêtres, nous avons basculé à l’ère du Verseau où il va y avoir d’importants bouleversements. Niousséré est peut-être parti pour se réincarner en scribe des mutations cosmiques. Pour ceux qui l’ignorent, c’est dans la vallée noire du Nil que des génies déchiffrèrent les constellations, les 12 signes du zodiaque, l’équinoxe, la rotation de la terre autour du soleil en 365 jours, le calendrier,…et plein de découvertes que l’Europe s’est attribuées.
On peut se demander comment, en l’absence de satellites ou de lunettes astronomiques ils ont pu déduire que la terre était sphérique. Je reviendrai en deuxième partie de cet hommage à Niousséré kalala Omotunde sur quelques perles scientifiques des nos ancêtres.
Niousséré était mon professeur et si j’avais eu la chance de le rencontrer, je lui aurais demandé en tant que scientifique de laisser l’afrocentrisme de côté et de se concentrer uniquement sur les preuves factuelles. L’histoire nous a montré que l’ idéologie fait souvent mauvais ménage avec la connaissance objective.
Étant un novice en croyances africaines, je lui souhaite que son cœur soit plus léger que la plume de Maat. Qu’il se réincarne ou fusionne pour l’éternité avec la mère-père primordiale.
Tous les africains, afro-descendants et adeptes du professeur peuvent formuler des prières tout en respectant son combat et son idéal pour un retour à la spiritualité et aux traditions africaines.
14-11-22
Siree Tekruur
Tékrourien (Sud mauritanien)
PS:
MAÏS* donne des formations en 33 tablettes. Je suggèrerai que la 5ème, en cours de rédaction, porte le nom du pharaon Niousséré Kalala Omotunde.
*Mouvement des Autochtones pour l’Indépendance du Sud mauritanien
