Maman Mariam aidez-moi à passer mon Bac ! Lettre Ouverte à Mme Mariam Mohamed Fadel, la Première Dame
En ce mois béni de Ramadan, vous parvient l’écho d’une jeune fille désemparée, et pris au dépourvu, qui vous soumet son triste sort. Je veux passer mon Bac !
Mais auparavant, Maman Mariam, je tiens à vous présenter mes condoléances, à la suite du décès de votre père, j’allais dire le grand père Mohamed Fadel Dah, décès survenu au soir du vendredi, 1er Mars, à Paris. INA LILLAH WO INA ILEYHI RAJIOUNE. Que le Bon Dieu, le gratifie de sa Rahma et de la fraicheur du Paradis.
Je m’appelle Fatimata Mamadou Sow. J’ai vingt ans et je suis en classe de Terminale D à Nouadhibou. Malheureusement, je viens d’avoir la plus mauvaise nouvelle de ma vie. J’ai comme l’impression, qu’un morceau du ciel, m’est tombée sur la tête.
Le verdict est tombé, faute d’Etat Civil, je ne pourrai pas faire mon Bac (Session 2023 – 2024). Je suis bien mauritanienne de père et de mère. Suivant l’imbroglio de l’enrôlement, je ne peux pas m’enrôler car maman n’est pas encore enrôlée. Si la Direction Régionale de l’Education est dans son droit de rejeter mon dossier faute de papiers d’Etat Civil, de mon côté, je suis perdue.
De père ouvrier, qui souvent au travail avant le réveil et de retour alors que nous sommes couchées, pour chercher la pitance de la maison, et de mère au foyer, je comprends la négligence qui ne peut pas justifier notre situation d’enfants apatrides (Mes frères, mes sœurs et moi-même)
De facto, je suis disqualifiée à concourir au Bac. Pendant une semaine, je n’avais plus goût à la vie, car je ne pouvais digérer cette sentence du destin sur l’ordre du Mektoub. Grace à mes parents et proches, et de surcroit le soutien morale de mon directeur, qui me dit que l’espoir est permis, et qu’avec l’aide du Bon Dieu, je passerai mon Bac.
Le temps a fini par me ramener à la raison, car je sais que sans Etat Civil, je ne ferai pas mon Bac. En ce moment décisif dans ma vie, j’ai perdu espoir mais je m’accroche dans la foi. L’entame du Ramadan m’a aidé à comprendre les aléas de la vie, pour me ramener à la raison, c’est pourquoi j’ai repris le chemin de l’école, pour suivre mes cours, n’excluant pas, que le miracle peut se produire, pour pouvoir concourir comme mes camarades candidats et candidates, à travers le pays.
C’est dans ces circonstances de détresse et de déception, que je m’adresse à vous, pour m’aider à trouver une solution, pour faire mon Bac. Je ne vous demande pas de décrocher les étoiles pour moi, mais tous simplement d’informer monsieur le Président, sur mon cas, qui certainement sous-tend d’autres cas similaires à travers le pays. Et me permettre de candidater au Baccalauréat Session 2023 – 2024, je tiens à ce parchemin, pour m’aider à avancer.
Etant l’ainée de notre famille, au-delà de ma profonde déception, j’imagine le triste sort collectif de mes frères et sœurs, dans la même situation d’enfants apatrides, qui a leur tours seront handicapés dans leur scolarité.
Maman Mariam,
Je sais que vous êtes une femme, de surcroit une mère de famille, au premier degré mère de la grande famille mauritanienne, c’est pourquoi suivant la volonté d’Allah, je laisse mon cas entre vos mains.
Cette idée du dernier recours a germé dans ma tête, le jour de 8 mars passé, et aujourd’hui, je m’adresse à vous, à travers cette lettre ouverte, pour vous confier à cœur ouvert, ce qui m’arrive.
Il est évident que je ne suis plus la même élève depuis que la nouvelle est tombée, mais je continue de faire mes cours, à priori avec plus d’acharnement et de combativité, car je me dis en silence, qu’à défaut de faire mon Bac, je me dois de maintenir mon niveau scolaire, pour nager à contre-courant du sort naturel réservé aux filles (Déscolarisation – Mariages précoces et forcés, viol parfois meurtre …), que sais-je encore de plus dramatique ?
Que Dieu me préserve de cette situation, ainsi qu’à toutes les filles mauritaniennes, africaines et du monde.
Maman Mariam,
Face à ce fardeau du Mektoub sur ma tête, je sais que je ne suis plus la même élève, autant fille, qu’être humain, car je suis devenue différente de mes camarades de classes, garçons et filles confondus.
Aujourd’hui, cette situation anachronique m’a donnée une longueur d’avance sur mes camarades. Sur le plan de la maturité et de la conscience, enfin de compte j’ai compris que le malheur n’arrive pas qu’aux autres. Pour eux, ils ont déjà leur plan de travail, et leur emploi du temps pour affronter le Bac, les matières et les exercices à faire, le compte à rebours a déjà commencé pour eux. Et moi, enfin de compte, pourquoi moi ?
Au contenu de mes cahiers d’écolière malheureuse, est venue s’ajouter une nouvelle matière de lourde portée aux graves conséquences, pour mon avenir Cette nouvelle matière, n’est autre que mon apatridie. Car sans Etat Civil, mes maux ne font que commencer.
Sans haine, ni amertume, je suis dans l’angoisse de chercher le coupable. Est-ce Papa ou Maman, par leur négligence avérée ? Est-ce l’Etat par la lourdeur administrative ou le laxisme de ses agents ? Est-ce moi, qui suis arrivée trop tôt au monde sans y être invitée ? Bref et j’en passe. En tant qu’apatride, l’heure de compte est déjà passée, car l’innocente victime est déjà condamnée. Je demande tout simplement un sursis pour pouvoir passer mon Bac.
Chère Maman Mariam,
Soyez mon interprète auprès du Président de la République, et depuis peu Président de l’Union Africaine, pour mes meilleurs souhaits à l’occasion du mois béni du Ramadan. J’ose espérer que mon cas, au-delà d’un cas d’école, trouvera une solution urgente, pour candidater à l’examen national du Baccalauréat.
Qu’Allah guide nos pas et éclaire nos chemins.
Respectueusement à vous :
Votre fille Fatimata Mamadou Sow,
Elève en Terminale D à Nouadhibou.
Tel : 46 50 72 68 / E.mail : ahcom2021@gmail.com