Le caïman de l’expropriation des terres de la vallée, dans sa boulimie vorace, vient d’émerger au-dessus de Feralla, précisément dans la plaine de Dirol, avec l’intention manifeste d’agir, comme à Dar el barka, pour mettre les populations devant un fait accompli, avec l’onction des élus du département redevables à leur mentor.
Pour mettre les lecteurs non avertis à niveau, il importe de rappeler qu’en 1989, suite aux événements tragiques ayant opposé le Sénégal à la Mauritanie et dans le souci de pousser les populations noires de la vallée à bout, le régime de l’époque, sûr de sa puissance, avait exproprié les paysans de la cuvette de Koylal, dans le département de Mbagne, de leurs terres remises, par fait du prince, aux rapatriés du Senegal.
N’ayant point de vocation agricole, les bénéficiaires, après trois années, se sont éclipsés pour mener d’autres activités plus en rapport avec leurs réelles prédispositions. Les propriétaires légitimes des terres, soumis au régime de la terreur faisant flores à l’époque, n’ont jamais accepté ce fait accompli.
A chaque fois, quand l’occasion s’est présentée, elles ont exprimé, de vive voix, leur refus de cette forfaiture visant à leur arracher leurs terres ancestrales, antérieures à l’État mauritanien.
Aussi, il est important de rappeler que le projet est financé par la banque mondiale soucieuse de réhabiliter les anciens périmètres agricoles de la vallée, dans la partie Sud du pays. Des informations de bonne foi, recueillies auprès du projet d’appui pour l’irrigation au Sahel (Pariis), certifient que les anciens rapatriés, cibles du projet, étaient au nombre de 10.300 ménages regroupant un total de 62.000 personnes.
Présentement, comme trahis par leur supercherie, des compatriotes, sous-couverture de l’entreprise « Najed », sont en train d’aménager une extension mitoyenne au périmètre initial et ceci en flagrante contradiction avec le projet Pariis mis sur orbite pour la seule réhabilitation des anciens périmètres rizicoles.
Ledit projet occupe un espace stratégique, à l’embouchure du marigot Diirol irriguant, à chaque période de crue, les plaines de Dulungal, Yerino, de Jaara et de Djogne. C’est dire que ce projet, s’il venait à se pérenniser, bouleverserait moult équilibres et impacterait négativement la vie de milliers de personnes exploitant ces terres condamnées ainsi à l’infertilité.
La volonté de faire main basse sur les terres de cette partie de la vallée ne fait plus l’ombre d’un doute. Comme pour leur prêter main forte, les élus du département de Mbagne se singularisent par une absence coupable montrant qu’ils sont de mèche avec ces nouveaux battants de l’agro-business.
Pour quel intérêt ? L’histoire l’éludera bientôt. Dans tous les cas, ces élus ont déjà proposé un partage des terres entre leurs mandants et les rapatriés confirmant ce que plusieurs segments de Mbagne pensent déjà : leur accointance avec des forces déterminées à arracher aux populations leurs terres millénaires. La preuve la plus éclatante de cette compromission des élus Upr-Prds est la correspondance qu’ils ont adressée au ministère de l’intérieur, au nom des populations. Dans celle-ci, ils affirment, de manière mensongère, la disposition des populations à partager, une fois l’aménagement achevé, leurs terres, fruits d’un vieux legs, avec les rapatriés.
Cela est bien sûr faux, comme le montre la récente lettre adressée au ministère de tutelle qui est l’originale adressée à l’autorité et que les élus ont changée, sans autre forme de procès
L’ attitude des élus montre à suffisance qu’ils ont rompu le bail avec leurs populations trahies par leurs trébuchets mais déterminées à préserver leurs terres, même s’il faut verser un tribut de sang.
Des appels à la résistance montent des hebiyaabe et yirlaabe que tout appelle à l’unisson, en ces heures où le caïman de l’expropriation séjourne dans leur rive, prêt à satisfaire sa boulimie de terre. Des concertations, menées dans le plus grand secret, ont indiqué une action urgente et appropriée.
Un sit-in dans la cuvette de Koylal a été retenu, à la date du 22 février 2021. La lutte sera poursuivie jusqu’au départ de l’entreprise occupant indûment des terres de citoyens mauritaniens.
Chérif Ba
M’Bagne, la ville de Feu Mourtudo Diop