Quand ils crient « touche pas à ma nationalité », tue un lamine, un mangane, ou les deux. Ils oublieront le génocide biométrique qui les rend sans terre sans école, sans emploi…et le nouveau slogan sera « justice pour lamine ». Paix à son âme.
Quand ils crient Non à l’esclavage, fait brûler des livres malékites et appelle à pendre un biram, un abeid, ou les deux. L’emprisonner suffira pour fabriquer un nouveau leader et le slogan actualisé des anti-esclavagistes sera « libérez birame ». Ils ont oublié la libération des esclaves et de leurs futurs descendants.
Quand ils crient « Élections truquées », kidnappez un samba thiam, coupez la main d’un Demba Sall, déployez les chars et proclamez les résultats que vous voulez. Il n’y a pas d’observateurs. Et leur slogan sera « libérez samba! ». Vous accéderez vite à leur demande et le tour sera joué. Qui remet aujourd’hui en cause l’élection du général autoproclamé président ? Personne. On se précipite même pour dialoguer avec le nouveau monarque des lieux.
Quand ils crient « Justice pour les 28 pendus à Inal! », bastonnez à mort des jeunes à Bababé, Boghé, Bagodine et partout où ils osent rappeler l’enfer d’Inal. Jetez-les au cachot, fracturés, sans dents et couverts de sang. Et le nouveau slogan sera « libérez Thomas ». Ils n’ont pas oublié les 294 soldats peuls assassinés à Inal mais ils se contentent du départ d’un commissaire qui n’a fait qu’éxécuter les ordres de Nouakchott. Et le nouveau slogan sera « On a gagné ! », pourtant ce n’est pas l’avis de nos veuves et orphelins. Le 28 novembre prochain, il y aura beaucoup moins de manifestants. On mettra les femmes en tête de cortège, comme boucliers humains.
Quand ils crient « Non au vol de nos terres! », faites comme à Bababé. La baston-prison ça marche pour tous les sujets indésirables. Et la libération des prisonniers est fêtée comme si le problème au départ était l’incarcération de samba ou demba.
Quand ils crient « officialisation des langues nationales », sortez-leur qu’ils sont Sénégalais. Si cela ne suffit pas, ressortez leurs querelles du passé et emprisonnez un Djiby, ou un Guelongal ou les deux. Leur nouveau slogan sera « libérez Guelongal » et ils oublieront le sort du pulaar, soninké et wolof. Ça peut attendre non?
Voilà la lutte de la négraille au pays exclusif des béni hassan depuis 1960. Le système a de beaux jours devant lui, de beaux siècles. À moins que le Tékrour soit soutenu par la communauté internationale et obtienne vite son indépendance.
En attendant on est parti pour plusieurs semaines de palabres sur l’histoire de la Mauritanie, comme si le mal ne venait que du passé. Non! Il est en képi au palais!
En tous cas, ne perdez pas votre temps avec la toute fraîche polémique sur l’affaire des 3 officiers noirs executés en 1987. C’est vraiment du refroidi/réchauffé pour nous distraire encore. Et si on réfléchissait à un divorce à l’amiable avec Nouakchott pendant qu’il est encore temps ?
1er juin 2022
Siree Kan (Sammba Ndeet)MAÏS, Mouvement des Autochtones pour l’Indépendance du Sud mauritanien (TÉKROUR)