Au Sénégal, dans le traditionnel discours à la Nation à l’occasion du Nouvel An, le chef de l’État a dressé le bilan des actions de son gouvernement en cette année 2022 marquée par une conjoncture économique difficile. Une « année sociale » a déclaré Macky Sall, mettant l’accent sur les subventions et mesures prises en faveur du pouvoir d’achat. De son côté, la principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi avait appelé à un concert de casseroles pour dénoncer la « mal gouvernance » selon elle.
« Le Sénégal est aujourd’hui passé d’un État d’indigence à un État d’émergence », assure le chef de l’Etat. Malgré « l’impact de la pandémie et d’une guerre majeure » sur l’économie, le Sénégal fait face, affirme Macky Sall. Le taux de croissance, établi à 4,8% en 2022 « devrait atteindre un niveau sans précédent de 10% en 2023 » avec le début de l’exploitation du pétrole et du gaz.
Alors que le gouvernement est interpellé sur la gestion des fonds de lutte contre le Covid, le président promet la bonne gouvernance : « L’exploitation du rapport de la Cour des comptes sur la gestion financière de la pandémie Covid-19 suivra son cours conformément aux dispositions légales et réglementaires en la matière ».
Dans ce discours d’une petite trentaine de minutes, Macky Sall n’a pas levé le flou sur ses intentions pour la présidentielle de 2024. Mais dans un climat politique crispé, le chef de l’État a évoqué « l’héritage » d’une « nation unie dans sa diversité, paisible et stable » : « Nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette nation qui nous abrite tous. Nous sommes parce que le Sénégal est ».
Ce qui ressort aussi des discours des opposants, c’est qu’au-delà de 2023, les responsables de l’opposition ont déjà pour horizon la présidentielle prévue en février 2024. Au même moment que le discours du chef de l’État, la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi -menée entre autres par Ousmane Sonko et Khalifa Sall -, avait donc appelé à faire du bruit pour protester contre le régime. Ce qui annonce la couleur du débat politique en 2023. « Vous avez désigné, sans équivoque et souverainement, la relève que vous souhaitez pour ce beau pays ! », a écrit le leader du parti Pastef en présentant ses vœux sur les réseaux sociaux et en remerciant les Sénégalais qui ont participé au concert de casseroles.
Elle disait « y penser en attachant son foulard tous les matins devant la glace », Aminata Touré sera bien candidate à la présidentielle en 2024. Ancienne fidèle du président Macky Sall jusqu’à la rupture en septembre dernier, « Mimi » Touré comme elle est surnommée, l’a confirmé dimanche sur la radio RFM.
Également candidat déclaré à la présidentielle, Khalifa Sall de son côté prévoit en 2023 « d’aller à la rencontre » des citoyens pour présenter son projet, dans le cadre d’une tournée nationale qui débutera mi-janvier.
Quant à Karim Wade, depuis son exil au Qatar, il a appelé ses compatriotes à se mobiliser « pour changer par les urnes la gouvernance actuelle ». Alors que la question d’une éventuelle amnistie reste en suspens, « je vous accompagnerai, comme toujours, dans les changements qui correspondent aux aspirations profondes des Sénégalais », a écrit le fils de l’ancien président.
RFI