Il y’a quelques semaines, j’etais encore plongé avec un appétit boulimique, dans la lecture des mémoires d’Abdou Diouf, Président de la République du Sénégal de 1981 à 2000. Quel régal cet ouvrage à la mesure de la dimension de l’homme. Une mastodonte politique, un géant de l’Afrique qui a battu le record dans la longévité politique mais aussi dans les grands corps de l’Etat du Sénégal dont il restera sans doute l’une des figures emblématiques, un pilier, un féru technicien et artisan incontesté de l’administration, les finances et l’économie , enfin un orfèvre dans la commande des institutions dont il s’est vu confier la direction.
Quarante années de vie politique remplie, restituées en une centaine de pages, avec le sens du détail et de la précision qui frisent l’imagination. Quelle prouesse! Abdou Diouf, c’est la constance à la fois dans le combat politique mais aussi idéologique, la rigueur, la ponctualité, l’esprit de la méthode et de l’organisation, des qualités exceptionnelles dont on en voit plus, héritées chèrement de son prédécesseur Léopold Sedar Senghor, le président-poète, le père de la nation sénégalaise et son père spirituel qu’il décrit comme un pédagogue dans son art de faire la politique, avec son souci constant de l’équilibre, de la recherche de l’accord conciliant et du compromis dynamique.
Des hommes d’une telle carrure, d’un tel charisme, sont malheureusement en voie de disparition. Jamais je n’ai vu un homme qui maîtrise autant ses dossiers. Républicain dans l’âme et homme d’Etat tout court, c’est à ce géant de l’histoire contemporaine africaine que je voulais rendre un vibrant hommage. Il faut honorer les hommes de leur vivant, dit-on.
Nous jeunes et peut-être futurs dirigeants de ce continent, devrions-nous de plus en plus convoquer l’histoire pour en apprendre davantage sur nous-mêmes, la longue marche qui a mené nos peuples vers le chemin de la souveraineté. L’histoire, comme le disait Fernand Braudel, donne aux jeunes d’une nation l’indispensable apprentissage du temps.
Il existe mille manières de servir le peuple mais toutes doivent concourir à un seul objectif : la préservation des intérêts de la République et la mise en avant du sursaut national, par delà les velléités de tous bords.
Je vous recommande vivement ce chef d’œuvre, avec le parcours impressionnant et inspirant de ce grand serviteur de l’Etat qui n’a d’égale mesure que sa taille.
Longue vie au Président Diouf