Les violences faites aux femmes prennent de l’ampleur au Sénégal malgré les sanctions et les peines infligés à leurs auteurs.
Une femmes victime d’abus témoigne dans une pièce sombre.
Des cas de violences notamment sexuelles subies par des femmes et des jeunes filles sont souvent signalés au Sénégal.
Pour un oui ou pour un non, il ne se passe un jour sans qu’on enregistre des cas de violences sexuelles subies par des femmes et des jeunes filles un peu partout au Sénégal. Les chiffres sont écœurants, s’indigne la féministe Khaita Sylla, membre du conseil d’administration de l’organisation de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants Dafadoy, ‘’ça suffit ! », en wolof.
‘’La situation est très alarmante. De janvier à décembre 2021, par exemple, les 8 boutiques de Droit de l’Association des Juristes Sénégalaises AJS, ont reçu et traité 288 cas de violences sexuelles concernant les femmes et les filles contre seulement 57 pour les garçons. C’est une situation qui préoccupe les associations des droits des femmes au plus haut niveau parce que ces associations ne savent plus où donner de la tête » précise Khaita Sylla.
La question des violences faites aux femmes préoccupe les associations des droits des femmes.
Des « insuffisances » dans la loi
Pourtant, le Sénégal a tout un arsenal juridique et institutionnel en faveur de la protection des femmes, indique la militante de défense des droits des femmes qui fait allusion à la loi criminalisant le viol et la pédophilie. Cette loi apporte une plus-value aux combats des associations avec des sanctions plus sévères pouvant aller de 10 à 20 ans. Cependant, cette loi réclame que la victime prouve qu’elle n’était pas consentante, regrettent les organisations de lutte contre le viol. Khaita Sylla relève d’autres insuffisances de la loi.
Selon elle ‘’cette loi fait le focus sur le coupable. C’est-à-dire l’auteur du viol et non la victime », et elle poursuit en précisant que « rien n’est dit par rapport à la victime elle-même en termes de prise en charge, aussi bien psychologique que légale. Il n’y a pas de structure d’accueil par exemple pour accueillir les victimes de viol.
Et les organisations de la société civile notamment les organisations de femmes n’ont pas capacité à agir au nom des victimes. Donc, il y a beaucoup de manquement par rapport à cette loi. Nos autorités sont très souvent aphones sur les cas de violences sexuelles subies par les femmes surtout les viols qui sont de plus en plus suivis malheureusement de meurtres. »
L’article 320 du Code pénal du Sénégal définit le viol comme tout acte de pénétration de quelque nature qu’il soit sur la personne d’autrui, par menace, contrainte et surprise.
Les pesanteurs socioculturelles sont l’un des défis à relever par les associations de lutte contre les agressions sexuelles au Sénégal. Elles empêchent l’amélioration et l’application de la loi sur le viol et la pédophilie.
Dw.com