Aucun citoyen mauritanien ne peut quitter un établissement public satisfait du traitement que lui réservent les responsables, depuis la froideur du gardien, jusqu’à la manipulation du premier responsable, en passant par le sarcasme de la secrétaire et du greffier.
Quant aux ministres et secrétaires généraux, ils s’entourent pour la plupart de gardes fermées et de portes spéciales par lesquelles personne d’autre ne peut entrer et dans lesquelles, ne peuvent s’introduire que ceux qui ont un piston ou un bras long ou qui sont recommandés par un responsable de rang plus élevé ou son équivalent en termes de compétences et d’influence.
En portant ton choix sur le mode courant de correspondance administrative avec un organisme gouvernemental, tu t’engages dans une voie qui garantit l’indifférence, à moins que les projets ou suggestions contenus dans ta lettre ne soient détournés et soumis par l’intermédiaire d’un entrepreneur proche du ministre ou du secrétaire général.
Certains parlent de perte de dossiers. Il existe en Mauritanie un réseau de pirates d’idées et de voleurs de propriété intellectuelle, qui reçoivent les projets des jeunes et des élites, qu’ils relancent à travers leurs autorités, conduisant par conséquent les auteurs des demandes ou des propositions déposées auprès de l’administration, à recourir à la bousculade ou à se froncer les sourcils.
Quant aux plaignants et aux lésés, ils sont jetés en enfer, cherchant refuge auprès d’un Oumar, apparaissant dans les forums comme des méconnus auxquels les responsables n’accordent aucune attention et qui par ailleurs, sont expropriés par les responsables de la mission pour laquelle ils ont été instrumentalisés.
Les ministères se livrent dans cette situation une rude concurrence. Certains d’entre eux sont les premiers à annuler des transactions administratives ou à répondre à des correspondances…ainsi de suite.
D’autres représentent une autre forteresse, dont les responsables pensent qu’ils ont droit à une soumission permanente sur le peuple, qu’ils doivent accepter la froideur du directeur et l’arrogance du fonctionnaire en lui tendant l’autre joue afin qu’ils le giflent de nouveau.
Transmettre aujourd’hui des messages au président Mohamed Ould Ghazouani est plus facile et plus efficace que de contacter un directeur central d’un ministère. Sa réponse rapide aux demandes et plaintes des citoyens qu’il reçoit est le seul moyen désormais de lever un grief et répondre à une plainte ou envisager une proposition.
Ceux-là ont adopté un nouveau rôle, celui de dissoudre et de geler les ordres et recommandations qui leur sont adressés par le Président de la République, car ils passent une longue période dans les couloirs du Premier Ministère, avant de descendre chez les ministres, où ils sont vidés de leur contenu, ou font intervenir des personnes qui ne s’en soucient pas, ou font l’objet d’autres formes de manipulation.
Il est peut-être frappant que certains ministres ne restent dans leur bureau que pendant une courte période, car ils s’enferment dans leur villa, exposant les intérêts des personnes liées à leur Département à l’inertie et à l’oubli. S’il vient au bureau, il passe un peu de temps et dans de nombreux cas, il ne regarde pas le courrier, de sorte que son assistant administratif risque de ne pas s’appliquer avec sincérité à son travail régulier, sachant d’avance que son patron se moque de la permanence.
Le plus grand étonnement n’est pas le mépris que ces fonctionnaires ont pour leurs citoyens, ni leur pratique flagrante de toutes les méthodes de népotisme. Mais bien au contraire, la confiance qui leur est accordée par le Président de la République, lequel, s’il n’est pas conscient de cette vérité, il s’agira alors d’une catastrophe et au cas où il le sait, ce sera alors le plus grand désastre.
La réalité des administrations publiques gifle le citoyen avec toute son arrogance et lui adresse toutes les insultes. Vous n’êtes qu’un citoyen. Pourquoi êtes-vous venu ici sans un piston ou un bras long ?
El Fikr, Traduit de l’arabe par senalioune