La police mauritanienne a utilisé vendredi 1er mars courant, des bombes lacrymogènes de fabrication brésiliennes afin de disperser les étudiants, qui manifestent depuis plusieurs jours, exigeant la satisfaction de leur plateforme de revendications.
Les bombes lacrymogènes lancées sur les manifestants, du type « GL-307 », explosives, assourdissantes, aveuglantes et potentiellement mortelles et utilisées dans les opérations anti-émeutes et anti-criminalité, sont fabriquées par la société Condor.
Il s’agit d’une arme à «effets combinés». Elle explose en provoquant un blast sonore et contient aussi des produits chimiques qui déclenchent un flash lumineux, destiné à aveugler. Selon la documentation de l’entreprise, à une distance de 2 mètres, l’intensité du bruit de l’explosion atteint 175 décibel, plus fort que les modèles les plus violents actuellement utilisés, et pouvant gravement endommager l’audition. Ce son est bien au-dessus du seuil de douleur auditive et de blessure aux tympans. Quant au flash, il provoque, selon Condor, «un grand effet d’étourdissement [avec] la lumière intense qui aveugle la vision des assaillants pendant quelques secondes, permettant ainsi une action policière efficace».
Selon une étude militaire brésilienne consultée par Politis, la grenade ne doit pas être utilisée à moins de 10 mètres. En effet, elle propulse des fragments à grande vitesse, pouvant frapper les corps. «Le système à deux étages des grenades à corps en caoutchouc éjecte la gâchette avant que la charge principale n’explose» explique un document policier brésilien. Impossible dans le cas de manifestations, compactes par définition, à moins d’assumer le risque de tuer.
Un test a été mené en 2020 au Brésil démontrait que des «fragments» ont été propulsés bien au delà des 10 mètres annoncés. «Plusieurs grenades ont, en plus d’exploser tardivement, projeté des éclats à plus de 42 mètres» rapporte Politis. Lors de cet exercice, un policier nommé Rômulo Azedino a été gravement blessé au cou par un éclat. Avec le sang froid et le professionnalisme de la BAC ou de la BRAV, l’usage de telles munitions encore bien plus puissante que les horribles grenades déjà utilisées risque de faire très mal.
L’entreprise brésilienne qui a fabriqué cette bombe lacrymogène est décrite comme l’une des principales entreprises mondiales dans le domaine des technologies non létales. Elle possède un capital 100 % brésilien et a commencé à développer et à produire des équipements, des munitions non létales et des feux d’artifice de haute technologie pour utilisation dans les opérations de signalisation et de sauvetage depuis 1985.
L’entreprise dispose de plus de 120 produits approuvés par l’armée, la marine ou l’armée de l’air brésilienne.