Comme nous l’avions prédit dans nos précédentes éditions, la publication des listes des candidats du parti au pouvoir – INSAF – a suscité une vague de mécontentements, pour ne pas dire de rébellions.
Partout dans le pays, des voix se sont élevées contre les choix du parti qui sont considérés par les mécontents comme « incohérents », « illogiques » et même « discriminatoires » !
Les élections à venir constituent sans conteste un véritable test pour le parti au pouvoir qui risque de faire face à une adversité sans précédent. Au-delà du profil de certains candidats de l’opposition qui vont donner du fil à retordre aux représentants de l’INSAF, c’est l’attitude des frustrés des investitures qui risque de porter un coup dur au parti.
En effet, du Gorgol au Hodh El Chargui, en passant par le Brakna, le Trarza, entre autres, le constat est le même : Les déçus des investitures se font entendre et profèrent des menaces à peine voilées à l’encontre de leur formation.
Et les métis entrent dans la danse !
Ainsi, au Gorgol, les Soninkés sont vent debout. A Kaédi, ils dénoncent leur absence quasi-totale des listes, que ce soit pour les régionales ou pour les municipales. Pour la législative départementale (proportionnelle), il y a certes Waiga Abdoulaye, mais il est en troisième position sur trois. Donc aucune chance de passer.
Sauf si INSAF fait 100% des voix ! Ce qui est, évidemment, impossible. Il y a de fortes chances donc que leurs voix se portent sur le maire sortant, Tahara Baradji, qui est reconduit par l’UDP.
A Toulel, dans le département de Maghama, un article visiblement commandité par les politiques locaux, dénonce un manque de reconnaissance malgré le soutien que les populations de la localité ont toujours apporté aux différents partis au pouvoir.
Au Brakna, qui se taille pourtant la part du lion avec deux têtes de liste (liste nationale mixte et liste nationale Jeunes), c’est la famille Ould Amar qui est monté au créneau pour dénoncer sa marginalisation.
Fait nouveau, alors que nous avons du mal à gérer les états d’âme des différentes communautés, tribus et autres groupes, pour la première fois les métis sont entrés dans la danse pour réclamer d’être représentés ! Dans les réseaux sociaux, c’est une véritable campagne qui est en train d’être menée pour une prise en compte de la « spécificité » et des « intérêts » de ce groupe particulier.
Menaces à peine voilées
Même si certains parmi eux affirment qu’ils vont soutenir les listes du parti malgré leur déception, c’est un coup de semonce adressé à leurs camarades et rien n’indique que leurs sautes d’humeurs n’influeront pas sur le vote de leurs partisans.
Pour certains observateurs, ce serait même une manière déguisée de les appeler à sanctionner le parti au pouvoir et de dire par la suite qu’ils n’y sont pour rien. En plus de cette « colère » à cause des investitures, l’omnipotence de Moctar Ould Ndiaye serait source de frustrations.
Très impliqué dans la confection des listes des candidats et nommé Coordinateur général de la campagne de INSAF au niveau de Nouakchott – alors que ce sont des ministres en exercice qui sont envoyés dans les différentes Moughataas – l’ancien homme fort du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz continue de faire la pluie et le beau temps.
Ce qui ne serait pas du goût de certains cadres du parti, qui vont chercher à lui faire endosser la responsabilité d’éventuels mauvais résultats à Nouakchott. Ce qui du reste est très probable.
Mauvaise stratégie
Pour beaucoup d’observateurs, c’est l’attitude du parti qui est à l’origine de cette fronde. En effet, en promettant aux déçus des investitures des compensations, sous forme de nominations à des postes administratifs, il a aiguisé les appétits.
Face à ces dérives, INSAF a publié un communiqué pour rappeler que : « Les procédures qui seront prises à l’encontre des transfuges qui se sont présentés aux futures élections en dehors d’Insaf ou qui ont apporté leur soutien à des listes concurrentes, garantissent la cohésion de ses bases, fortifient et consolident ses acquis électoraux et consacrent la conformité à ses règlements ».
Aujourd’hui, malgré les différents rappels à l’ordre et les menaces, le mal semble déjà fait. Finalement, la stratégie de la « carotte et du bâton » était une mauvaise idée.
source Eveil hebdo