Pour le candidat du PDS, empêché de concourir du fait de sa double nationalité, il s’agit de « barrer la route au coup d’Etat électoral orchestré » par l’ancien premier ministre Amadou Ba.
Une figure de la politique sénégalaise, Karim Wade, a appelé vendredi 22 mars ses compatriotes à voter pour le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle de dimanche, apportant à celui-ci un soutien de dernière minute potentiellement significatif. Sur le réseau social X, il a relayé un communiqué du Parti démocratique sénégalais (PDS) signé de son secrétaire général, l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), selon lequel la « formation politique a choisi d’apporter son total soutien à la coalition » de Bassirou Diomaye Faye.
Le choix de Karim Wade était scruté attentivement. Fils d’Abdoulaye Wade, il était le candidat du PDS, autrefois au pouvoir et qui conserve du poids. Les avis divergent sur l’impact de sa décision étant donné l’érosion du PDS et les dissensions en son sein.
Karim Wade a lui-même été disqualifié de la présidentielle par le Conseil constitutionnel en janvier parce qu’il avait toujours la double nationalité franco-sénégalaise au moment du dépôt de son dossier, alors que la Constitution impose la nationalité exclusivement sénégalaise pour être candidat. Karim Wade a accusé le candidat du camp présidentiel, l’ancien premier ministre Amadou Ba, d’avoir corrompu deux juges du Conseil constitutionnel pour le faire éliminer, ce qu’Amadou Ba dément.
« Je vous invite tous, militants et responsables du PDS, alliés de la coalition Karim 2024 et citoyens engagés, à vous mobiliser pour faire gagner le candidat Diomaye Faye », dit Karim Wade sur le réseau social X. Il s’agit de « barrer la route au coup d’Etat électoral orchestré par Amadou Ba », qu’il accuse d’avoir un « plan de fraude massive » pour gagner l’élection dès le premier tour. Il appelle son parti à « travailler étroitement » avec la coalition de Bassirou Diomaye Faye, le candidat des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), parti dissous de l’opposant Ousmane Sonko.
Le réservoir de voix de Karim Wade est convoité. Amadou Ba l’avait appelé cette semaine à se prononcer en sa faveur. La contestation par Karim Wade de sa disqualification avait été l’un des motifs invoqués par le président sortant, Macky Sall, pour décréter en février un report de la présidentielle, ce qui avait provoqué une grave crise politique qui a fait au moins deux morts.
Le Monde avec AFP