C’est la stupéfaction. Samba THIAM soutient Biram Dah Abeid dans cette élection présidentielle avec seule saveur la division de ce qui reste de l’opposition radicale, celle qui parle de génocide, des devoirs de vérité, de mémoire et de de justice. L’enjeu de ce ralliement n’est donc pas cette mascarade d’élection où des vierges effarouchées crieront à leur viol par des militaires récidivistes. Depuis l’instauration de la démocratie sur injonction de François Mitterrand, President de la France, c’est toujours le candidat de la junte qui gagne, sur fonds de bourrage des urnes pour assurer le résultat après les achats de conscience.
Lors des dernières élections législatives, j’ai soutenu sans hésitation Samba THIAM, candidat à Nouakchott Ouest, vantant son courage et sa constance. La véritable admiration était sa croisade (lunade?) contre les suprémacistes arabes. Il ne revenait jamais de ce front ardent contre Mohamed Yehdhih Ould Breïdellil, le représentant du parti Baath en Mauritanie, l’idéologue principal du génocide contre les noirs mauritaniens non hassanophones.
Alors, quand l’information de son soutien à Biram Dah Abeïd s’est mise à circuler de sources non autorisées, comme un filet d’eau d’une marre asséchée, je m’en suis assuré de sa véracité auprès de personnes généralement bien informées. Notre Bacca National a bien jeté son dévolu sur le lion, celui qui le traitait de peureux à force de vouloir quémander toutes les garanties auprès du Général Aziz avant son retour en Mauritanie. Mais ça c’est de la vieille histoire.
L’Alliance objective avec Biram serait compréhensible si elle concernait ce refus de la junte d’octroyer un récépissé aux FPC et au RAG, une absence d’autorisation d’ailleurs bénéfique aux deux formations puisqu’elles paraissent aux yeux de l’opinion comme étant les plus gênantes, celles qui méritent leur classement dans la vraie opposition. Pourtant, ce système de récépissés, depuis l’interdiction des députations indépendantes, permet d’attirer vers l’extrême-droite les leaders haratines tentés par la jonction avec les autres noirs autochtones. Sa’d Ould Louleïd, transfuge de IRA. Biram, leader anti-esclavagiste,a discrédité sa cause en devenant député de la formation suprémaciste Sawab, héritière de Breïdellil. Les repentances d’Abdessalam Horma, chef de Sawab, ne sont que duperie et calcul électoral sur la masse haratine.
Le baathiste Abdessalam sera à Biram ce que fut le nassériste Khalil Ould Teyib à Messaoud Ould Boulkheïr: un prêt de récépissé qui détruit un cheikh haratine, qui fait oublier d’aller recenser les abids.
Ce rappel était nécessaire pour bien comprendre le cancer de l’extrême-droite mauritanienne qui est en train de gangréner ce qui reste de résistants et de progressistes dans ce pays. La grande sentinelle Samba THIAM vient de trébucher en apportant sa voix à celui qui rapporte ses voix aux baathistes.
Pourtant, lors des législatives passées, la coalition CVE/VR zu niveau national, à laquelle appartenait les FPC et AJD/MR, ont refusé toute alliance directe ou indirecte avec SAWAB. C’était la bonne lecture des plans des Généraux. La coalition avait exigé que Biram rompe avec les baathistes. Pourquoi Samba THIAM s’en est écarté un an après ?
D’abord, l’argument que l’élection présidentielle autorise les candidatures indépendantes ne supporte aucune analyse puisque l’aura de député du candidat Biram lui est octroyée par Sawab.
Ensuite le CV politique, le parcours du candidat, sont indélébile. Biram a bien pactisé avec le « diable » alors qu’une formation noire lui proposait de presider ses instances.
La seule explication de Samba serait la cause commune de la reconnaissance des Fpc et Rag par le Général Ghazouani. Là encore, rien à voir avec une élection présidentielle où ce sont les préoccupations des citoyens qui doivent être mises en avant.
Non. Rien ne justifie cette sortie hasardeuse de sa retraite de celui qui fut le mordeur de Breïdellil &Cie. Vous rappelez-vous le tollé quand il était allé aux funérailles de ce dernier? Oui, un homme politique doit peser tous ses actes. Il ne s’appartient plus.
La candidature de Kaaw Touré, retirée par lui-même pour foulltitude de prétendants semblait être la preuve d’une certaine vitalité interne. Aujourd’hui, vu le choix de soutenir une candidature externe, en dehors de leur socle idéologique, on se demande si ce regain d’énergie pour désigner leur candidat n’était pas feint.
Cet article ne remet pas en cause le courage de Bacca, il invite plutôt à réfléchir sur la cohérence idéologique et la lucidité de ceux et celles que nous considérons comme souvent éclairés.
Ceci est le point de vue d’un ancien responsable politique ne soutenant aucun candidat à l’élection présidentielle. Je dirais même plus: je boycotte.
vendredi 7 juin 2024
Siree KAN