La justice sénégalaise a ordonné le renvoi de l’opposant Ousmane Sonko devant un tribunal criminel pour viols présumés d’une employée d’un salon de beauté, ont indiqué à l’AFP, mercredi 18 janvier, les avocats des deux parties.
L’affaire est source de tensions depuis 2021. Le renvoi de M. Sonko, arrivé troisième à la présidentielle de 2019 et considéré comme bien placé pour celle de 2024, injecte une inconnue supplémentaire dans la campagne à venir.
Son arrestation, à la suite d’une plainte pour viols et menaces de mort déposée contre lui par une employée d’un salon de beauté de Dakar où il allait se faire masser, avait contribué à déclencher, en mars 2021, plusieurs jours d’émeutes meurtrières, de pillages et de destructions qui avaient fait au moins une douzaine de morts. M. Sonko, président du Parti des patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dénonce une machination ourdie par le président Macky Sall pour l’écarter, ce que ce dernier réfute.
Le juge a signé mardi l’ordonnance de renvoi de M. Sonko devant un tribunal criminel pour viols et menaces de mort, motifs retenus pour son inculpation en 2021, a déclaré El Hadji Diouf, avocat de la plaignante, Adji Sarr. Cette dernière « est satisfaite », a-t-il dit : « Elle apprécie le fait que malgré la campagne de mensonges et de manipulations des partisans de M. Sonko qui ont peur du procès, le juge ait tenu bon. » L’un des avocats de M. Sonko, Cheikh Khoureyssi Ba, a confirmé le renvoi de son client. Il a souligné que l’ordonnance était susceptible de recours et a dit l’intention des avocats d’interjeter appel.
M. Sonko, âgé de 48 ans, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne l’emprise économique et politique exercée, selon lui, par l’ancienne puissance coloniale française et les multinationales. Défenseur des valeurs religieuses et traditionnelles, tranchant par son âge avec une grande partie de la classe politique, à l’aise dans les médias, l’ancien inspecteur des impôts à la rapide ascension jouit d’une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié est âgée de moins de 20 ans. Ses détracteurs dénoncent, eux, un populiste n’hésitant pas à souffler sur les braises sociales.
Le Monde avec AFP