La ZAAMAA de la cité des FARBA, une occasion de pèlerinage et de se ressourcer a eu lieu ce 12 avril 2025 . Je me rappelle comme si c’était hier l’edition qui eut lieu le 13 avril 2019 avant la terrible pandémie de Covid 19 qui marqua une pause sur l’organisation.
RAPPEL
« Le soleil était très haut dans le ciel, cette matinée du Vendredi 13 avril 2019, il était presque midi, c’était l’heure que nous avions choisie pour se rendre à Waalaldé pour la Ziarra annuelle de Mamadou Alpha Aw–ZAAMAA – dont la cérémonie devait commencer la nuit.
Nous avons traversé Wocci, par le Nord et d’Est en Ouest, majestueusement jugé sur sa dune de sable fin couleur or, avec sa belle mosquée, imposante par ses minarets, qui rendait presque minuscules les concessions environnantes. Dans ce lieu mythique qu’a pris naissance Guurel Jeeri. Paix aux âmes des fondateurs (Aissata Hamady e Sammba Cillo) et d’autres encore qui nous ont laissé un beau site que des jaloux envient.
Après ce rappel du décor féérique de Tuulel Jeeri s’ajoutent les hauts pylônes de l’antenne de la Mauritel, qui n’a aucune retombée positive pour le village, hormis la nuisance des groupes électrogènes et le sifflement des alizés continentaux communément appelés harmatan, un vent chaud et sec qui écume toutes les contrées du sahel à cette période de forte canicule.
A la sortie, nous avons passé entre les sinueuses ruelles des anciennes et nouvelles concessions bâties, pour l’essentiel, sur les lits d’anciens étangs ( Beelel Samm Moodi , Bellel Ndiobbo, Wendu Amadel, Beelel Nduuwba, et un peu en retrait Weendu Ciilel et Siidi Amar ) aujourd’hui ensevelis ou presque sous les effets pervers de la désertification qui n’épargne aucune contrée de la Mauritanie.
Ne faut-il pas reboiser cette partie-là pour en faire une ceinture verte et protéger le village de l’avancée inexorable du désert, des eaux de ruissèlement mais aussi des éventuelles inondations hivernales.
Très vite nous traversâmes le terrain de prières des fêtes religieuses (korité, tabaski), de football, la tribune « mort-né » qui rappelle des souvenirs marécageux, à l’image du terrain qui l’abrite en temps de pluie.
Je n’ai pas osé regarder en face cette tribune, mais après avoir traversé le marigot asséché (Wendu Wooci), j’ai balayé un regard panoramique du nord, à l’ouest et au sud et beaucoup de souvenirs me revinrent à l’esprit.
Jédida, un petit hameau de quelques trois ou quatre tentes des années soixante-dix est devenu un beau village imposant et envahissant ! Au Sud-ouest et plus à l’ouest s’étendaient les terres du Waalo (Sawar, Beydia, Gahaji) comme un ruban long et étroit coincé entre les hauts plateaux du jeeri et les basses plaines alluvionnaires qui abritent l’une des rares forêts de cette zone (1635 du 30 04 1947 de 275 Ha)
En passant par ces endroits je ne peux pas ne pas me souvenir de Poogel Astel Keyri, Kaluyel Forre, Wendu Haruna Sule, Bellel Ewbeck, Caski Jaaltaabe, Barkewel Tamba, Barkéwi Faty Gabel, Caski Banel Booyo, Talde Kaye, Layru Sammba Sala etc.
Plus au loin au nord on aperçoit vaguement Wabbunde, Tekane, Guurel Sooro et d’autres mythiques Maawdu Waalalde, lugge luumbe…. sans oublier Weendu Mariam Maga, Caski Bii, Barkewi sammba laaw…….
A notre gauche, au bout de la plaine, une ligne sombre de grands arbres et d’arbustes touffus, nous empêche d’apercevoir nettement le fleuve Sénégal, jadis cordon ombilical, aujourd’hui frontière de deux états indépendants liés par l’histoire et la géographie. Il s’agit de la forêt classée de Waalalde (Arreté n•1635 du 30 04 1947) que certains appellent « Mody Araf » d’autres « Fonde Jabbal »
Ironie du sort, ce 14 avril 2019 est la vingtième édition de la ZAAMAA, mais aussi le vingt neuvième anniversaire d’un triste et sinistre évènement que la mémoire collective ne peut oublier.
Pour rappel Le 14 Avril 1990, quatre des nôtres à savoir
(i) Dia Hamady Amadou dit Dono Mariame (Ex gendarme)
(ii) Lo Boubacar Hamath dit Léyoune (Ex Marin )
(iii) Niang Hamet Amar dit Samba (Cultivateur de son état) et
(iv) Sow Demba Korka (Ex garde)
ont été sauvagement assassinés et ensevelis dans cette forêt mythique et centenaire de gonakiers (acacias nilotica) érigée en forêt classée depuis les années trente.
Auparavant, comble d’inhumanité et de cynisme, ils furent contraints par les fusiliers marins à creuser les tranchées qui allaient constituer, hélas, leurs dernières demeures.
Nous devons tous dénoncer à tue-tête l’impunité en effet une société incapable de prouver que l’impunité n’a pas de droit de cité en son sein est prête à accomplir une sorte de suicide social.
Tout ce qui concerne le musulman est sacré (interdit) pour le musulman : son sang, ses biens, et son honneur. » a dit le Messager d’Allah Mohammed (PSL)
Après ce rappel, notre trajet pris fin au bord du fleuve à l’endroit mythique de FALO JEEYMAYO où nous attendait un impressionnant et parfait dispositif de bateliers pour une traversée sans encombre.
Yahya Mamadou Ba de retour de la ZAAMAA »