L’accaparement des terres de la vallée en Mauritanie est un autre passif, mais cette fois d’ordre foncier, dont la gravité n’a rien à envier à son pair le passif humanitaire, synonyme d’exactions contre les personnes et paradoxalement la même communauté, dès lors où il exclusivement la terre, autrement dit l’agriculture qui est la source de vie des habitants de la vallée du fleuve Sénégal.
Un passif foncier régulièrement dénoncé qui n’a jamais fait l’objet de levée de bouclier à la différence de son pair le passif humanitaire, lequel, a fait quant à lui l’objet de thérapies, mais malheureusement, souvent improvisées, non concertées et unilatérales, qui ont continué à la maintenir sans solution jusqu’à présent.
Toutefois, l’accaparement des terres qui s’est manifesté sous plusieurs formes dont la première est la confiscation de citoyens mauritaniens de terres appartenant à leurs concitoyens dans un premier temps, puis la mainmise déguisée des différents systèmes politiques par la suite sur ces propriétés séculaires, à des présumées fins de développement alors que l’objectif non avoué est de bénéficier de commissions, a été régulièrement dénoncée par les autochtones et par les intellectuels.
Il a surtout fait couler beaucoup d’encre, en raison du préjudice collectif considérable qu’il cause à toute une communauté où l’élevage et l’agriculture sont profondément ancrées.
Une grosse et longue injustice à laquelle l’actuel ministre mauritanien des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs Kane Mamadou Ousmane semble prédestiné pour trouver l’issue concertée, constructive, salutaire et définitive à l’horizon, avec la perspective de son adaptation au consensus dégagé par tous acteurs impliqués dont en premier les propriétaires terriens spoliés depuis des décennies et privés de leurs sources de vie.
Dans une récente et exhaustive interview accordée au tabloïd étatique « Horizons » le ministre Kane, toujours irréprochable en termes de patriotisme et ayant déjà dénoncé implicitement les déséquilibres sociaux qui minent le pays et qui lui avaient valu des animosités non justifiées, a été catégorique en répondant aux pyromanes de l’accaparement des terres.
Rassurant les populations de la vallée, notamment les propriétaires terrains de Dar Barka, auprès desquels il s’est rendu pour les mêmes fins et pour intégrer leurs préoccupations et leurs attentes dans la politique agricole du gouvernement du Président Ould Ghazouani, il a dit :
« Il s’agit tout simplement du chemin inverse, du contraire du processus de ce que d’aucuns ont appelé « accaparement des terres ». Il s’agit de mettre fin à la peur d’un tel phénomène qui n’engendre que des conflits inutiles et des perdants.
Et d’ajouter : « la politique que nous suivrons désormais sur instruction de SE Monsieur le Président de la République dans le domaine de la valorisation des terres agricoles est à l’opposé exact de celle suivie ces dernières décennies et qui a constitué une source de frustration pour nos populations locales dans leur diversité ».
Et pour s’inscrire en faux contre les politiques prises par les régimes précédents par rapport à la même question, il dira :
«L’ancienne politique a fait fuir les investisseurs, plombé le développement agricole du pays et fait peser sur la cohésion nationale une réelle menace. C’est donc tout le contraire du désir et de l’ambition du Gouvernement. Le phénomène d’empiétement sur les droits fonciers des tiers est nocif. Il a marqué, ces dernières décennies, le système de gestion foncière auquel Monsieur le Président veut à tout prix que nous tournions définitivement le dos. »
Et pour décliner clairement l’objectif de cette nouvelle politique dont l’objectif principal est la quête de la valeur-ajoutée nationale et locale, le ministre est on ne peut plus, clair, en disant :
« Cette nouvelle vision présentée et détaillée à Dar El Barka et dorénavant adoptée par le Gouvernement en sa réunion du 23 juin 2021, consiste à travailler pour un développement durable de notre secteur agricole, essentiel pour notre économie. Or, là où il y a un besoin d’investissements importants, la sérénité et la confiance entre toutes les parties sont absolument indispensables. Vous comprendrez donc pourquoi nous lions intimement les deux impératifs majeurs de mobilisation optimale de notre patrimoine foncier et l’instauration d’un climat social de solidarité retrouvée entre toutes nos communautés rurales. »