Maurice Freund et Point-Afrique ne lâcheront pas la Mauritanie. Peu importe les risques à prendre. Le patron appelle les autres TO à le suivre.
Amoureux éperdu du Sahel, Maurice Freund ne laissera jamais tomber la Mauritanie. Malgré les restrictions massives et la morosité touristique ambiante, le fondateur du Point-Mulhouse, Point-Air et aujourd’hui Point-Afrique a de nouveau décidé d’investir sur le pays de l’Afrique du Nord-Ouest.
Le week-end dernier, le premier des 16 vols affrétés a ASL France jusqu’au mois de mars par Point-Afrique s’est posé sur le tarmac d’Atar. S’il affichait complet, le reste de la saison demeure incertain. « Nous avons plus d’une centaine de pax sur les vols du 18 et 25 décembre ainsi et que sur celui du 1er janvier.
Après, c’est plus compliqué, regrette Maurice Freund. Il nous faut 127 passagers sur chaque vol pour que l’opération soit rentable. Avant la crise, les saisons tests de 2018 et 2019 ont pu être menées à terme en grignotant sur le gain des ventes de notre patrimoine. Cette nouvelle saison, nous devons atteindre le point d’équilibre pour assurer des nouvelles saisons. »
Il en va donc de la santé financière de Point-Afrique. Mais aussi du sort de nombreux Mauritaniens, qui souffrent fortement de l’absence de tourisme.
Le point de vue de Marc Foucaud
Entre 2010 et 2017, le passage en rouge par le ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères a été un coup dur pour le pays. La crise du Covid a renforcé les difficultés économiques. Désormais, la Mauritanie est repassée en orange. Et ce grâce au travail d’un ensemble de spécialistes du pays qui ont œuvré auprès du Quai d’Orsay. Marc Foucaud, ancien général de l’armée française et chef de la mission Serval au Mali en 2013-2014, fait partie de ceux-là.
Présent lors de ce premier voyage mauritanien, il est formel : « La Mauritanie est calme depuis 2009, malgré les pays proches qui sont pour certains très instables. Cela est dû à d’énormes efforts faits par le pays pour sa sécurité.
Lorsque le général Ould Abdel Aziz a pris les rênes du pays, il a reconstitué une armée, renforcé la présence de l’Etat sur tout le territoire, et donc diminué l’influence des islamistes. Il a également renoué le dialogue avec sa population grâce à des imams et accepté les repentis. » La Mauritanie et l’Adrar, qui concentrent l’essentiel des circuits et des méharées possibles, sont donc des zones contrôlées, assure-t-il.
Un appel aux autres voyagistes
C’est pourquoi Maurice Freund insiste : « J’appelle les TO à vendre la Mauritanie. Aujourd’hui c’est simple, si tu veux vivre le Sahel, c’est le seul pays possible. Il y a pleins de TO qui connaissent la Mauritanie, ils le savent. Et à l’heure où l’on parle de tourisme responsable, en choisissant de visiter l’Adrar, le Diawling, le Train du désert, la Tagant, vous n’êtes pas un touriste lambda mais un touriste militant. »
Heureusement, le pionnier-voyageur peut compter sur Jean-François Rial (Voyageurs du Monde), avec lequel il partageait une profonde amitié pour Pierre Rabhi, le célèbre écrivain écologiste récemment décédé. Jean-François Rial est « l’un des seuls de l’industrie à avoir de l’humanisme, selon Maurice Freund. Sur chaque vol, ils nous a pris 36 places. Il en reste donc 111 à la charge de Point ».
Avec le patron de Voyageurs du Monde, Maurice Freund va également poursuivre un projet entamé avec Pierre Rabhi . « Nous voulions créer une école d’agro-agriculture à Maaden. Finalement ce sera sur un terrain donné par l’Etat mauritanien, à 30 minutes de Tergit. Et c’est mon ami Jean-François Rial, via le tour-opérateur Voyageurs du Monde, qui va investir. Cette école sera nommée Pierre Rabhi, à la mémoire de notre ami commun. Elle sera comprise dans un ensemble touristique plus vaste qu’il nous reste à définir. »
Quoi de neuf ?
En Mauritanie, il existe deux énormes monolithes majeurs : Ben Amira et Ben Haicha. Jean-Louis Lauféron et son équipe de Médecine et Montagne du Monde ont récemment installé huit voies d’escalade sur ces monolithes, pour des débutants comme pour des grimpeurs confirmés. Un circuit est donc désormais possible, grâce au réceptif Mauritanides Voyages.
Il propose l’expérience du train du désert (sublime) qui s’arrête près des deux monolithes, une ou plusieurs nuits dans un campement proche du site, l’observation de peintures rupestres, et un ou plusieurs jours d’escalade au milieu du désert. « Il y a un endroit parfait pour faire un bivouac au sommet, cela promet des nuits à la belle étoile », explique Jean-Louis Lauféron, qui souhaite « faire découvrir l’escalade et la Mauritanie au plus grand nombre. »