Dans le silence assourdissant des grandes puissances et l’indifférence croissante de l’opinion internationale, une tragédie se joue au Mali et au Burkina Faso. Une tragédie qui porte un nom : nettoyage ethnique. Les Peuls, déjà victimes d’un conflit interminable, sont désormais les cibles désignées d’une violence d’une brutalité inouïe.
Ils s’appellent Amadou, Aïssatou, Harouna. Ils sont éleveurs, cultivateurs, élèves ou grands-parents. Ils n’ont d’autre tort que d’appartenir à une ethnie aujourd’hui stigmatisée, assimilée à tort ou à dessein aux groupes jihadistes sévissant dans le Sahel. Au Mali, la spirale de la guerre s’est muée en une entreprise de terreur ciblée. Des villages peuls sont encerclés, leurs habitants enlevés, exécutés ou brûlés vifs. Les vidéos des exactions tournent en boucle dans des canaux obscurs, parfois relayées pour servir de sinistre avertissement.
Femmes violées, enfants égorgés, vieillards mutilés — l’horreur n’a plus de limites. Et ce ne sont plus seulement les groupes armés qui tuent. Des milices communautaires, parfois soutenues ou tolérées par les autorités locales, prennent part à ces opérations de « punition collective », avec une efficacité redoutable.
Le Burkina Faso voisin n’échappe pas à cette contagion meurtrière. Là encore, les images circulent : localités ravagées, cadavres abandonnés, familles humiliées devant caméra. Des noms de villages rayés de la carte, des identités broyées. Et toujours, le silence. Silence des États. Silence des grandes chaînes d’information. Silence du monde.
Pourtant, ce qui se joue au Sahel dépasse les frontières de la région. C’est une part de l’humanité qui est en train de sombrer. La souffrance des Peuls à Mopti n’est pas différente de celle des Gazaouis sous les bombes, des Congolais dans l’Est du pays, des civils au Darfour. Une vie humaine reste une vie humaine, quel que soit le sol qu’elle foule, la langue qu’elle parle ou la religion qu’elle professe.
Il n’est plus temps de compter les morts. Il faut réveiller les consciences. Réclamer justice. Dénoncer avec la même force toutes les barbaries, qu’elles soient médiatisées ou étouffées.
Car le silence, lui aussi, tue.
MBD : Ha Yésso ko lawol